LA POLONAISE - (Henri Spade, 1969)
Citation:Voilà un bouquin qui devrait plaire à Jean-Paul
.
En effet, de part la rencontre de ce Français et de cette Polonaise cela pourrait ressembler à la rencontre de mes parents. Ma mère déportée du travail en Allemagne et mon père français, prisonnier de guerre dans un village du côté de Cologne. Contrairement à l'histoire d' Henri Spade, ma naissance et celle de ma soeur n'eurent lieu que quelques années plus tard, quoique leur mariage eu lieu en Allemagne lors de la libération du village par les troupes américaines du 28ème Régiment d’Infanterie US en 1945 ce qui permit ensuite leur retour en France, la guerre se finissant.
En ce qui concerne la trame du livre d’Henri Spade, cela me fait penser à
Jean Offredo ( 1944-2012), écrivain, journaliste, rédacteur et grand spécialiste de la Pologne et de Karol Wojtyla.
Jean Offredo, notre copain d’enfance ( à Zoska et à moi) de chez Pan Gorski aux fêtes polonaises, des repas entre amis, de notre univers de la rue de Lourmel et de la rue du Commerce, dans le 15ème arrondissement de Paris, et évidemment des rencontres conviviales de nos parents. Son père prisonnier de guerre rencontra sa mère Kazimiera, (que nous appelions tous, y compris son mari, « Kari ») en Pologne et celle-ci tomba enceinte début 1944, avant que leur camp ne soit « délivré » par les russes, et la naissance de Jean à Stargard Szczeciński , quelques temps plus tard.
Dans le camp de mon père, il y avait d’autres prisonniers qui fréquentèrent aussi des déportées slaves qui travaillaient dans le même village, mais dans ateliers de confection pour les soldats allemands et que l’on faisait loger dans des baraquements en planches à l’écart du bourg. Comment se rencontraient-ils, je ne sais pas trop, mais des sentiments profonds se créèrent les uns vis-à-vis des autres. Mon père ne fut pas le seul à revenir en France avec la femme de sa vie. Pour d’autres se fut plus compliqué. Si ma mère était polonaise, certaines de ses compagnes d’infortunes étaient russes. C’est ainsi que Tony, un gars du Nord, bien français, tomba amoureux d’Olga et de leur amour naquit la petite Erika. Les américains venaient d’établir leur QG dans le village avant de poursuivre leur progression et avait réquisitionné ou établit un hôpital militaire et c’est là qu’accoucha Olga. Le problème de Tony, c’est qu’il était marié en France ! Mais qu’importe, ils rentrèrent à la fin de la guerre et cela s’arrangea par le divorce de sa première épouse et Erika connu ainsi son demi-frère ! Pour Georges, le vieux, comme ses copains l’appelait ( il avait près de 40 ans !), il se contenta de ramener Fénia dans la banlieue parisienne, ce qui la changeait de ses plaines d’Ukraine, mais dû en passer aussi par le divorce. Près de cinq ans, sans voir leur légitime, sans savoir ce qui se passera ( ou ce qui c’était passé) a dû influencer leurs décisions.
Mes parents gardèrent bien sûr, des relations avec toutes ces personnes et je suis toujours en relations avec la fille de Georges et de Fénia, quant à la fille du demi-frère d’Erika, partit aux États-Unis, elle est la marraine d’un de mes deux enfants…
Tout ça, sont aussi des histoires qui mériteraient des livres, mais hélas, les protagonistes ne sont plus là et ce ne sont que des souvenirs épars qui nous restent, pour perpétuer le vécu de cette époque .
Le titre « La polonaise » résume bien aussi, le terme par lequel certaines personnes nommaient ces étrangères venues sur le sol de France. Je pense à ma propre grand-mère ( la mère de mon père), qui désignait ainsi sa belle-fille ( ma mère), lorsqu’elle en parlait avec ses voisins-voisines. Ce que je ne sus que bien plus tard, après leurs décès respectifs. Il faut dire qu’elle dû être surprise de revoir son fils, au bras d’une jolie polonaise à leur retour en France. Celui-ci n’en ayant pas fait part durant sa captivité dans le courrier passant par la censure allemande ( une lettre par mois) et elle croyant sans doute, revoir le jeune homme qui était parti en 1938 faire son service militaire en Afrique et qu’elle ne revit que 7 ans plus tard, ayant à tout jamais perdu ces années de jeunesse, mais qui malgré tout lui firent connaître son épouse et …la Pologne.