C’est vraiment le hasard qui a fait qu’Hector et ses médiators sont entrés dans ma mémoire, il n’y aurait pas eu ce concours de circonstances, je serai peut-être aussi largement passé à côté, car il est vrai que cela commençait à bouger du côté de Liverpool et de son fleuve mythique.
Je ne savais pas que je retournerai deux ans plus tard au Palais des Sports pour applaudir 4 garçons dans le vent venant d’Outre-Manche et sortant de leur Cavern.
Certes, je connaissais déjà le lieu, indépendamment du fait de notre intrusion lors de la répét du Chopin du Twist, car d’une part il n’était qu’à 3 stations de métro de chez mes parents, et d’autre part c’était l’endroit où se produisait « Holiday on Ice », que nous allions voir chaque année . Pour la bonne raison que la marraine-voisine de palier de ma frangine, avait des billets offerts par la Ste Peugeot, à la période de Noël, vu qu’elle y était secrétaire et qu’elle nous en faisait profiter, elle qui était encore mademoiselle ( une vraie) à plus de 50 ans et qui tenait à ce qu’on l’appelle Mademoiselle, suivit de son prénom et de son nom, et qui le restera de son propre aveu.
Mais on n’est pas là pour ces souvenirs-là.
On arrive en 1965 et les Beatles reviennent en France, après leur passage à l’Olympia en 1964, en première partie du spectacle de Sylvie Vartan qui en était la vedette principale, en principe. Triny Lopez son marteau et son citronnier faisait partie aussi de la fête. Et l’ambiance est encore bon enfant. La Beatlemania n’avait pas encore fait son apparition.
Un an plus tard c’est le Palais des Sports et ce sont eux qui sont à l’honneur.La salle est beaucoup plus grande, circulaire comme un cirque On a acheté 2 billets tout en haut des gradins, les places les moins chères, avec nos petits sous mis de côté. Car c’est toujours avec la frangine. Ce n’est pas encore trop le temps des petites copines pour moi . Il y aura 2 représentations, une à 15h, l’autre vers 21h.
Zoska a loupé de peu le spectacle. En effet ce dimanche-là, juste avant que nous partions porte de Versailles, lui et ses parents passèrent à l’improviste nous voir en début d’après-midi. On ne savait pas qu’ils allaient venir, mais malgré tout on tenta le tout pour le tout, il vint avec nous, mais hélas, il n’y avait plus de places… On lui racontera à notre retour, à peine deux heures et demi plus tard, car le spectacle ne durait pas longtemps. La prestation des Beatles ne durait que 30 mn après l’entracte avec une première partie un peu plus longue avec 5 interprètes ou groupes différents.
La salle était pleine et les gens assis. A cette époque les spectacles se regardaient assis, si, si. Il y avait bien quelques excité(e)s, mais près de la scène et vers la fin. Il n’y avait pas besoin de grimper sur les sièges pour essayer de voir quelque chose et la sono était supportable. . On était venu pour les Beatles, alors la première partie , on s’en foutait un peu quoique le dernier groupe se rapprochait du style de John, Paul, George et Ringo. Alors on a eu droit, à une chanson chacun, c’était bien suffisant pour certains.
Hubert, animateur radio mythique de « Salut les copains », monte sur scène , fait les présentations et annonce : « Ce soir, en direct, retransmission sur les ondes d’Europe N°1 du spectacle du Palais des Sports »
Chouette, on pourra ainsi écouter la prestation de21 h.
Je ne dirais pas que le rideau s’ouvre, puisqu’il n’y en a pas. Les artistes arrivent directement de derrière un tissu tendu sur une estrade placé au fond.
Et ce sont les Pollux qui commencent en chantant du « Beatles » en français, avec des coupes de cheveux inspirées du chien du même nom dans le « manège enchanté », suivit de la chanteuse Evy, qui changea de nom par la suite, après ce fut Jean-Claude Germain, chanteur épisodique des Lionceaux qui l’accompagnèrent sur une chanson intitulée « Fait la souffrir »et surtout nos oreilles, vu qu’il hurlait faux dans le micro. Moustique le rocker dont la taille lui valut son nom de scène, qui interpréta un truc de rock en yaourt. Ensuite vinrent les Haricots Rouges dont on se demandait ce qu’ils faisaient là avec leurs banjos et leurs planches à laver avec des dés à coudre pleins les doigts, même s’ils étaient plus professionnels, c’était du jazz new-Orléans qui n’était pas à sa place. Le groupe qui terminait cette première partie fut les Yardbirds avec « For your love » qui commençait à être connu et introduisait bien la suite du spectacle, après l’entracte.
2ème partie :... Les Beatles. Simples et décontractés, propres sur eux, conformes aux photos de Salut les copains.
Applaudissements, quelques cris et nos 4 garçons dans le vent entament de suite la première chanson sous les ovations du public . 30 minutes c’est vachement court, mais leur répertoire de l’époque ne devait pas trop dépasser le diamètre d’un 33 tours.
Enfin, on était là, on a vu, on a entendu, on en a pleins les oreilles, on est content et on rentre. On retrouve Zoska, on lui raconte tout en lui précisant qu’il y aura une retransmission en direct du spectacle du soir sur Europe 1 et qu’il pourrait l’écouter en rentrant chez lui. Comme nous aussi d’ailleurs.
Pour cela j’avais sorti mon magnétophone à bandes, et le micro, car je capterai le son en sorti du hp du transistor, tant pis si ce n’est pas de la Hi-fi. A 21h, on tourne le bouton , prêt à écouter le spectacle du soir. Et j’entends la voix d’Hubert qui dit : « Ce soir, en direct, retransmission sur les ondes d’Europe N°1 du spectacle du Palais des Sports » !
Le spectacle sois-disant retransmis en direct, et bien c’est celui de l’après-midi que nous avions vu !
C’est comme ça que j’ai pu enregistrer celui ou nous étions et donc, au niveau souvenirs c’était en encore mieux…Et il y avait les 2 parties !!!.
Mais voilà, le temps passe. Le magnéto est chez mes parents, la bande aussi, pleins d’autres bandes aussi. Et la frangine récupère le tout un jour, et paume tout ça lors de l’un de ces nombreux déménagements. Perdu les souvenirs sonores. Y avait même quelque part Zoska qui chantait en play-black façon karaoké, sur des titres de rock, c’est pour dire.
J’avais fait une croix sur ces enregistrements, quand un dimanche après-midi de 1986, soit une vingtaine d’années plus tard, une rétrospective « Beatles » passe sur, toujours, Europe N°1, le présentateur annonce qu’ils vont diffuser l’émission de 1965 au Palais des Sports. J’ai à peine le temps de sortir le petit magnétophone à K7, que j’avais rangé dans un coin et d’appuyer sur le bouton « Record » pour enregistrer le mêmes son sortant de la chaîne Hi-fi, avec le micro incorporé du petit Philips, mais il n’y a que la seconde partie avec les gars de Liverpool. Mais je les ai eu de nouveau, en gardant précieusement la cassette, cette fois-ci.
Et ce n’est que dernièrement que j’ai converti ce moment magique en MP3, et que je viens de le transférer sur mon cloud, pour le mettre dans ce message et pour ceux qui veulent l’écouter.
Et çà c’est du presque direct en live qui à 55 ans, avec une reprise en 1986 et c’est presque du collector et j’y étais.
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