Lorsque Vendôme évoque son périple de 1973 à bord de sa R12 break bleu-ciel, je ne peux m’empêcher de penser à celle que conduisait déjà en 1967 mon père lorsque nous nous rendions en Pologne pour les vacances et que ma mère revoyait ainsi pour un mois la terre de ses parents et sa famille.
Il ne devait pas y avoir beaucoup de Rénaoulte break bleu clair qui sillonnaient le pays à l’époque de la PRL et c’est encore un hasard commun qui fit que peut-être on aurait pu se croiser sur les routes à quelques années près, à défaut d’un compartiment SNCF.
Et un coup de klaxon quand une voiture à l’auto-collant « F »en rencontrait une autre et un signe de la main. Les touristes de l’Ouest ne sillonnant pas encore trop le pays.
Certes, c’était la PRL et son régime désastreux, comme le découvrit Zoska en 1968 , avec cette bureaucratie suspicieuse et larvaire, ces « combinations », ces attentes interminables dans les magasins, souvent pour rien car le peu de marchandises étaient déjà épuisées quand on arrivait devant l'étal, ( viande etc…) et cette impression de méfiance entretenue par le pouvoir vis-vis de tout un chacun.
Certes c’était la PRL, mais c’était aussi la Pologne éternelle, celle de son histoire, de ses villes, de son paysage, de ses lacs et de ses plaines. Mon père se lâchait, entre-autres, pendant ce mois de vacances dans une nature grandiose, profitant de ces instants privilégiés, loin de tout mais si intenses. Communion avec la nature que l’on ne retrouvait déjà plus en France et interminables parties de pêche dans les lacs de Kujowsko-pomorskie, après avoir vu la famille, participé aux retrouvailles et déchargé la R12 transformée en voiture-chameau, emportant sur la galerie ce que ma mère n’avait pas envoyée par la Sernam. ( cadeaux, vêtements, imperméables en Ortalion, pour ceux qui connaissent…)
Alors, après cela se passait sur les bords d’un immense plan d’eau, ici ou ailleurs, avec quelques membres de la famille, des amis et en camping sauvage improvisé. La popotte était de sortie, le camping-gaz aussi et le produit de la pêche atteignait directement sa destination.
Pas tous les jours, bien sûr, la pellicule retient uniquement ces instants de bonheur simple, où mon père fermait pendant un mois ( un an sur deux) la petite entreprise d’électricité générale, qu’il avait réussit à monter en partant de rien au retour de la guerre et emmenait sa femme polonaise et ses enfants au pays de Babcia et Dziadek.
Sur la photo : La R12 Break Bleu-clair, le déballage-foutoir de ces pique-niques au bord de l’eau, maman déléguée à la préparation des poissons tout frais péchés, et les pêcheurs d’eau douce en arrière-plan quelque part du côté de Wloclawek ou de Ciechocinek.