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Le show avait lieu l'après-midi, une belle fin de journée de juillet. Des milliers de spectateurs étaient déjà arrivés la veille, et comme j'ai pu le constater par la suite le stade d'Olsztyn était plein comme œuf ! Pensez ! Des furieux qui massacrent des bagnoles — des Français en plus...
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La veille, Gilles Legris et ses gars avaient construit et installé dans le stade divers structures en planches ; des accessoires pour les cascades. Depuis le matin, les voitures avaient été alignées au centre du stade : des Peugeot 404, des Simca Ariane, Vedette, (Chambord, Beaulieu) et les mécaniciens de l’équipe s’affairaient dessus pour les préparer. Ces voitures n’avaient pas de pots d’échappement , le bruit infernal faisait partie du spectacle. Un peu avant l’heure, avec les cascadeurs, nous pénétrons dans le stade… accueillis par une ovation et une clameur immense… un truc énorme, inoubliable. Mais là… horreur ! La piste n’a pas été arrosée comme Gilles l’avait demandé, afin d’assurer l’adhérence des véhicules. Pas moyen d’annuler, alors advienne que pourra et le show débute à donf , avec un enchainement ininterrompu de cascades époustouflantes.
Arrive le moment de la cascade à laquelle je dois participer : je monte dans une 404, côté passager, une palette en bois protège le pare-brise ; Gilles Legris vêtu d’un casque et d’une vielle combinaison rembourrée s’allonge à plat ventre sur le capot, les jambes écartées, une corde à chaque cheville. Dans la voiture, vitres ouvertes , avec le conducteur nous retenons ainsi Gilles par le bout des cordes. A 100 m devant nous, dans la ligne droite une haute structure en bois à clairevoie qui supporte un mur vertical de paille. On doit accélérer et passer à travers. Fastoche ! Sauf que en quelques secondes c’est devenu un immense mur de feu et on fonce dedans avec Gilles sur le capot.
C’est effrayant, je n’en mène pas large et je me dis — « Nom de Dieu, dans quoi est-ce que je suis laissé embringué ! J’étais parti pour visiter la Pologne peinard avec ma blonde et me voilà dans ce cercueil roulant avec cette bande de zozos ! » Finalement on passe à travers la structure enflammée, quelques mètres encore et le conducteur freine en catastrophe ; les cordes servent justement à retenir Gilles pour ne pas qu’il soit projeté en avant et passe sous la voiture. Gilles est d’ailleurs en train de brûler ! Quand la voiture s’arrête enfin, on lâche les cordes et il roule sur le sol ; un cascadeur l’attend avec un extincteur.
C’était la cascade finale du show, le stade est debout, en délire ; nous sommes au centre et des centaines de gens se précipitent pour demander des autographes… une demi-heure après il reste encore des milliers de gens dans le stade qui nous regardent.
En Pologne - L'equipe Legris devant 250.000 spectateurs
(source :
http://legris-cascadeur.skyrock.com/1.html)
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à Olsztyn, ça ressemblait exactement à ça.
Gille Legris, c’était un fringant jeune homme de 50 ans à la crinière blanche, petit et mince ; un homme généreux et attachant. Il m’avait prévenu — « Notre contrat avec le gouvernement polonais se termine avec ce dernier spectacle à Olsztyn, à 17 h précisément ; reste toujours à côté de moi pour traduire car désormais nous ne sommes plus à l’abri et je crains qu’à partir de maintenant nous n'ayions un GMC d'emmerdes. »
Et effectivement, dans le stade encore à moitié plein, nous voyons s’avancer vers nous une imposante délégation d’emmerdes en uniformes de la MO, officiers en tête. Sachant tous les accrocs que les cascadeurs avaient eu à travers la Pologne, je me suis dit
— « Aïe aïe aïe, voilà l’addition ». Je me poste à côté de Gilles, on respire bien à fond, et, l’air innocent on attend que le mec plein de galons avec sa tronche oblique commence sévèrement sa tirade…
- « Kim tutaj jest kierownikiem zepolu ?... »
(à suivre... )
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cлава Україні 🇺🇦🇺🇦
Edité 1 temps. Dernière édition 23/03/2013 23:17 par Vendôme.