Re: Alors raconte...!
Posté par:
jpaul (IP Loggée)
Date: 23 janvier, 2017 00:06
"Que serais-je sans toi ?" dit-il ; En effet, afin que les souvenirs ne se mélangent pas , et bien : J’en Ferrat d’autres, des analepses. En ce qui concerne Samson et Dalida, je ne peux rien dire j’avais éteint les haut-parleurs du PC, alors sans son... ! ( une fois tous les 30 ans on peut se permettre. )
Alors, revenons à la rue du théâtre, théâtre de tes premiers émois cinématographiques en compagnie de ton pote P. Lawandowski, que je côtoyais aussi chez Pan Gorski, notre prof de Polonais hebdomadaire ( moins souvent, puisque toi et lui, c’était le jeudi après-midi et bibi, le mercredi soir). Oui, n’en déplaise, c’était la rue du théâtre , pas du nouveau-théâtre. Quoique tu n’as pas entièrement tort, car le Nouveau-théatre était le nom d’un autre cinoche, situé celui là rue de Vaugirard, au niveau de la la station de métro éponyme. Ben oui, le nouveau-théâtre, tu sais, celui où nous rendions en nous baladant le dimanche après-midi, quand vous nous rendiez visite, et que nos parents évoquaient leurs souvenirs, leurs espoirs ou leurs regrets et disaient du mal de leurs bambins quand on avait le dos tourné ( je plaisante ). Et les discussions avaient lieu en français pour mon père qui, malgré ses efforts, n’avait qu’un vocabulaire très restreint en polonais. Limité à la bouffe à la vodka à la pêche et à la chasse et aux premiers mots d’amour qu’il avait appris pour ma mère.
Laissons-là nos parents et nos mères qui discrètement, dans la cuisine, planifiaient, en polonais, leur sortie pour aller au Bon Marché, dans la semaine, ce qui n’était pas souvent, mais cela leur faisait plaisir, même si les achats n’étaient pas nombreux. C’était prétexte à se voir.
Alors, nous nous sortions dans la rue tous les 3, car la « frangine » était avec nous. Non pour aller voir un film, on n’avait pas les sous pour, mais pour regarder les photos du film en cours derrière les petites vitrines, et celles du suivant mis en avant-première. Le Nouveau-théâtre avait dans son hall d’entrée un « photomaton » ou pour une pièce de 100 francs, l’appareil faisait une série de portraits dont le meilleur devait être destiné à une pièce d’identité : ça, la pièce de 100 balles, on avait, et c’est à trois que l’on se mettait dans la cabine, fermant le rideau poussiéreux, réglant le tabouret à vis pour être à la bonne hauteur, et clac-flash on se faisait tirer le portrait, 4 ou 5 fois. Comme çà, pour rien, pour la rigolade, car c’était à celui ou à celle qui ferait la pire grimace, que gentiment l’appareil nous développait en silence et qu’il nous vomissait 5 minutes plus tard sur cette bande , encore humide, témoin de nos pitreries. Sous nos éclats de rire, vu les tronches. Donc le nouveau-théâtre d’accord, mais ici.
Pour se rendre sur le « théatre » de nos photographies , on devait passer, évidemment, rue de Vaugirard, et l’on passait devant un immense garage, dont les étages supérieurs étaient autant de places de parking auxquelles on accédait par une rampe se situant sur le côté gauche, le RC était le garage par lui-même. Plus tard, ce garage devint une concession de ventes pour voitures Renault et re-plus tard devint le siège de l’UMP autrement dit : Les Républicains, actuels. Ce qui fait qu’à chaque fois que je vois cet édifice à la télé, avec ces messieurs entrant ou sortant de l'immeuble, je sais pertinemment, qu’ils entrent ou qu’ils sortent d’un garage, repeint vite fait en blanc.
En face, un bâtiment avec colonnades, style arts déco, grandes baies vitrées dépolies, stucs et faux marbres : c’était la CGCT : Compagnie Générale de Constructions Téléphoniques, d’où sortaient les téléphones à cadran, avant que cela ne devienne le ministère de l’agriculture et de la pêche, qui a gardé le même aspect.
Bon, j’suis bien obligé de continuer, si on veut mettre un peu d’ordre là-dedans . Où en était-il : Ah oui !
Aller au champ-de-mars faire du patins à roulettes : Tiens ? lui aussi ! Il faut dire qu’à l’époque il était absolument interdit de faire du patins à roulettes sur les trottoirs et encore moins dans la rue, La maréchaussée veillait. Alors nous, gamins, étions obligés de nous rendre dans ce que, pompeusement, , on appelait la piste de patins à roulettes du Champ-de-mars, sous la tour Eiffel.. En fait c’était une piste toute droite, genre morceau de bitume, de 3, 4 m de large et d’une trentaine de mètres de long et à peine avait-on assez d’élan et bien, on était arrivait au bout ; soit que l’on essayait un virage à 360° soit c’était la gamelle, soit on continuait tout droit dans le sable, pas longtemps. Les patins avaient 4 roues en fers ( en tout cas les miens) ce qui au niveau bruit était assez repérable et se composait uniquement d’une semelle métallique que l’on fixait sur ses sandalettes, à l’aide de 2 courroies en cuir. Perso, j’avais le choix, soit la piste du champ-de-mars, soit celle du jardin du Luxembourg tout au bout de la rue de Vaugirard ( la plus longue de Paris). Alors des fois, pour aller plus vite, je chaussais les patins dans la rue. Faut pas le dire. Mais c’était la même piste goudronnée.
Sûr, pour aller au Champ-de-mars, il fallait passer, en partant de nos logements respectifs, devant le Village Suisse, que Zoska qualifie de ‘trucs » de fripiers. En fait à cette époque et dans un jeu de mots douteux, mais sans caractère discriminatoire ou autre, on appelait le village juif ( d’aucuns pensaient même que cela était le nom de ce pâté de boutiques ) car principalement composé de marchands de vêtements, cravates, chemises, dont les porte-manteaux étaient sortis sur le trottoir pour attirer le chaland. Même le dimanche. « Un p'tit renseignement, M’ssieurs-dames, ! » avec l’accent yddish, :dès que l’on s’approchait trop près de la vitrine du commerçant, nous obligeant à faire un détour si l’on ne voulait pas être trop importuné, lorsque l’on se promenait dans le coin avec les parents. N’empêche que, je crois bien, que c’est là qu’on a acheté mon premier duffle-coat ( celui avec les boutons en bois, dont le premier creux faisait sifflet.) ….Pourquoi le Village Suisse ? car il occupait la partie où la Suisse représentait son pays lors de l’exposition Universelle de 1900 à Paris, avec chalets etc… Le nom est resté par la suite. Entièrement démoli dans les années 1960, cet endroit a gardé le même nom et des immeubles ont poussés dessus, le RC étant réservés à des magasins d’antiquités ayant remplacés les « fripiers » de Zoska. On y retrouve ainsi un ancien chanteur rock, parolier de Johnny Hallyday, devenu spécialiste incontournable des soldats de plombs dont Zoska est amateur. Le mec s’appelait Long Chris, papa d’Adeline Blondieau ( épouse Smet, un certain temps).. A son époque Yé-Yé, Long chris, Cow-boy dans l’âme, habitait un hlm dans la rue qui faisait angle avec la CGCT, citée plus haut. Ce qui fait que ce cow-boy de quartier garait sa banale voiture, dans le même garage que celui de mon père, et que je croisais assez souvent, son galure texan sur la tête.
Vite fait, un mot sur la fête Foraine sous le métro aérien. Par chez moi, elle n’avait pas d’autres noms que la fête à Pasteur, ( la même que celle évoquée par Zoska) car elle débutait à la Station Pasteur là où le métro rentre sous terre et s’étendait au-delà de la station Dupleix, sous les arcades de la RATP. . Elle avait lieu au mois de Novembre et sentait la frite et la praline. Le tir et ses fleurs en celluloïd était ma spécialité, quand aux parents ils s’essayaient à miser sur la roue de la chance qui permettait de gagner des kg de sucres en morceaux N°4. ( Encore au début des années 1950 !). J’aimais bien aussi le manège avec les avions qui montent et qui descendent, mais plus grands c’était les auto-tampons, comme on disait ; Privilège de tenir un volant, de voir les étincelles sur la grille métallique où frottait le mât qui alimentait électriquement les voitures, et bien sûr, emboutir les petits copains.
( à suivre…)