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Frytki w stolicy Pyrlandii
Posté par: Christian Orpel (IP Loggée)
Date: 15 octobre, 2017 01:13

Frites dans la capitale du Patatistan

C'était l'état de guerre en Pologne populaire.
Le « petit Français » que j'étais avait, pour ses vacances estivales
Rejoint la Mecque de ses origines tribales
Rozdrazew
Dans la ferme familiale,
Je rencontrais cette année-là une cousine encore jamais vue
Et ses trois petites filles
Bogdan, le mari de la cousine, chauffeur routier, était attendu
seulement pour dimanche.
Il y eut donc le repas dominical,
Le rosół de la tante et son poulet fermier, quel régal !
Puis, à table, les classiques questions arrivèrent en rafale :
Escargots ? En France, tu manges ça ?
Cuisses de grenouille ? Tu manges ça ?
J'avouais n'avoir de ma vie jamais invité ces bêtes dans mon assiette
Finalement Bogdan posa la question saugrenue, la question qui tue :
La cuisine polonaise, ça te va ?
Durant tout le repas, il n'aurait donc pas aperçu
L''enthousiasme de mon coup de fourchette ?
De mon mieux, avec délicatesse, je rassurais Bogdan ,
mais diable, on a sa fierté, sa dignité.
Alors en tant que « petit Français », je me repris :
« Parfois j'ai des envies de frites, pure nostalgie » .
Bogdan compatit à ma désespérance.
Il me refila l'adresse du seul endroit de Poznan, selon lui,
où la frite naturalisée polonaise s'affichait avec jactance.
Justement, un imminent séjour à Poznan était programmé
Et je me jurais de faire un détour place de la Liberté.
Frites obligent.
Ce fut le vendredi de la semaine qui suivit
A quinze heures, quand on sort des Archives, on a faim
Mais il y avait la queue, on me parla « rezerwacja », je remis au lendemain
Et me contentais tristement au Piccolo du Stary Rynek de bolognese spaghetti
Samedi en soirée, le « petit Français » que j'étais, pas gêné,
Tout seul prit fièrement possession d'une table pour quatre, réservée !
Je commandais je ne sais plus quoi, pourvu que ce fût avec des frites !
Et j'attendis mes frites.
Mais bientôt la « kelnerka » de service
Vint me demander
Si ça me dérangeait
D'accueillir à ma table privilégiée
D'autres gens .
Pas de souci, parfois je savais me montrer élégant.
Je me plongeais dans mes pensées du moment,
Je relevais les yeux pour ouïr des remerciements
Et je constatais que l' Armée Rouge m'encerclait !
Enfin, pas tout à fait, il y avait un officier polonais,
Plus un civil polonais,
Plus un sosie de Brezniew, en plus jeune on dirait,
Mais quand même en voie de momification avancée ,
Statique, imperturbable, taciturne, muet, en son uniforme figé,
Bref, un Russe,
Plus un Soviétique visiblement méridional,
Géorgien ou Arménien, je ne sais,
En tout cas, du genre nerveux, vif-argent, bavard, expansif, jovial,
très très loin d'être chair à momifier
Qui ne s'attarda pas à table , qui devait avoir mieux à combiner ailleurs
Je blêmis en mon for intérieur
Et me plongeais en mes pensées
Qu'est-ce qu'ils allaient dire de moi, les gens ?
Le polono-collabo ne me lâchait pas, en attendant
Il me fit de formidables confidences
«  En Pologne, tu peux avoir toutes les filles que tu veux ! »
Que dire ? J'écoutais ça, sans défense,
Je le regardais de mes yeux bleu
Hébété
Les officiers à mes côtés
Et pour ainsi dire sous l'oeil de Brezniew
Tandis que j'attendais toujours mes frites
Le polono-collabo me remit même une carte de visite
Comme ça, pour les filles, je n' aurai qu'à téléphoner.
Ma table devenait pôle d'attraction
Le collabo, les officiers, tout le monde les connaissait !
Une chaise fut ajoutée pour une demoiselle de passage, qui fumait,
Elle se renseigna sur le garçon
Auquel on vint soudainement apporter ses frites
Et qui eut seulement le temps d'en avaler deux ou trois
Puisqu'il y eut de la musique
Et que pour quelques pas de danse on le pria
Du reste, ce fut très romantique
La demoiselle, à l'oreille, l'invitait
A la suivre aux toilettes
Et fit en sorte que la danse, effectivement,
Conduisît aux toilettes.
Mais là, le « petit Français »
malgré toute son éducation
se transforma en réel goujat
Il plaqua
La demoiselle grossièrement
Sans se plonger dans ses pensées,
Précipitamment allant payer
De ses frites l' addition.

Ce soir-là, dans la foulée,
il s'offrit un deuxième restaurant
Mais sans frites, évidemment.
Il lui fallait ça pour se consoler
En se plongeant dans ses pensées.



Edité 5 temps. Dernière édition 15/10/2017 11:07 par Christian Orpel.

Re: Frytki w stolicy Pyrlandii
Posté par: Mik (IP Loggée)
Date: 15 octobre, 2017 18:34

Quelle aventure ! Quel traquenard !
Et le pauvre petit Français est resté sur sa faim... Mais je crois qu'il a bien fait de s'enfuir.
Est-ce qu'au moins les deux ou trois frites étaient bonnes ?

Mik

Re: Frytki w stolicy Pyrlandii
Posté par: Christian Orpel (IP Loggée)
Date: 15 octobre, 2017 21:29

A vrai dire, je ne me souviens plus ... ça avait un goût amer et j'avais honte.

Re: Frytki w stolicy Pyrlandii
Posté par: jpaul (IP Loggée)
Date: 15 octobre, 2017 22:50

Si je comprend bien, dans ce restaurant, où on sert des frites à table aux gens qui ont réservés, 3 individus + un éphémère se pointent, s'installent à la table déjà occupée et réservée par et pour un seul convive, et, normal, proposent de suite des distractions frivoles telles que l'on en pratiquent à Pigalle, tarifées ou non à l'amateur de frites, sous le couvert du mot « filles ».. Cela ressemble plutôt à un bouge, vu l'apparition d'une fumeuse de cigarettes effrontée. La bienséance n'est même pas respectée et la manière cavalière d'aller danser la bouche pleine ou entre 2 fourchettes de frites, me paraissent saugrenue, même si cela pouvait faire partie des coutumes inhérent à cet établissement, qui fermait les yeux par complaisance ou crainte de certains clients gradés indigènes, moscovites ou faucille et marteau.
L'endroit est glauque, mais il parait qu'il est d'usage dans la profession de la dame de se faire offrir quelques coupes de faux-champagne russe, puisqu'on en parle, avant d'entamer d'autres discussions. Ce qui, ici, n'est pas le cas. Avons-nous affaire à des amateurs ? Ou bien une envie pressante avant d’autres tangos. Qelles l’impolitesses ! On attend que les gens terminent leur portion de frites, avant d’entamer des cha-cha-chas endiablés surtout quand on a des faiblesses de vessies. C’est vrai ça !
Par expérience personnelle, je sais qu’il y a des fois où l’on se demande qu’est ce que l’on fout-là et la fuite n'est pas un déshonneur, mais une sorte de soulagement...

Re: Frytki w stolicy Pyrlandii
Posté par: Christian Orpel (IP Loggée)
Date: 16 octobre, 2017 10:14

Bouge, je n'utiliserais pas ce terme.
L'endroit était stylé, branché, on s'y pressait
Aujourd'hui sa fonction culturelle est tout autre, c'est l'Empik, on y trouve la presse, des livres, le menu a bien changé


La frite donne le sourire, ça permet de raconter, maintenant
Mais ça n'était pas l'ambiance de l'instant

Je suis myope, j'ai les yeux bleu,
Je suis généralement d'une grande naïveté,
et généralement à côté de la plaque


Mais là, en un éclair,
A ma table, j'ai tout compris
A ce qui se passait sur ce petit coin de la terre
J'ai eu droit à ma petite leçon d'histoire
Celle du moment

Et pour ce petit coin de la terre,
J'en ai eu gros sur la patate



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