Jean-Pierre nous a montré une photo de la cité Du Ranzay près de Nantes ou aurait habité le fameux Willy Wolf et on trouvait que cela ressemblait à certaines maisons en Pologne, de cette époque et plus tard. Notre Willy Wolf était natif de Lodz et, s'il était resté en Pologne, aurait sans doute connu les maisons ci-dessous, qui sont du même style et dans leur même jus. Cité ouvrière aussi, mais pour les ouvriers-ouvrières des usines de filatures. Ces maisons étaient situées dans le Stary Widzew et j'en au vu encore quelque-unes dans les années 1960. D'ailleurs ma maman a vécu dans une maison de ce genre à Widzew ( pas celle de la photo) avec ses parents et ses soeurs. Ma grands-parents y habitèrent toute leur vie.
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Je ne peux m’empêcher de mettre un copié-collé, légèrement modifié, de ce que j'en ai écrit par ailleurs, dans un long récit racontant la saga de ma famille, mais, c'est une autre histoire, mais comme c'est déjà écrit :
" Ma mère habite lors de sa naissance dans un quartier populaire de Lodz, seconde ville par son importance, après la capitale Varsovie. Ce quartier se nomme Widzew et la rue où ils habitent est la dernière avant les champs de blés et de pommes de terre qui bordent la ville. C’est même la dernière maison, un peu en hauteur, et la rue qui redégringole vers une artère entrant en ville, n’est pas goudronnée, les eaux de ruissellement y ont creusés de profondes rigoles et les herbes folles poussent le longs des maisons.
L’immeuble, en bois, avec un étage, est couvert d’un toit en carton goudronné, comme la majorité des maisons de ce quartier. Il est partagé par 8 logements, ou plutôt 8 pièces de 5x5m environ comportant chacune une famille. L’été lorsque le soleil tape sur les toits, le goudron fond et s’écoule dans les gouttières ou tombe directement en petites flaques qui durcissent et distille une odeur de pétrole dans l’air.
Mais, les gens s’en contentent, profitant du soleil, étant souvent au dehors de ces logements exigus ou au contraire confinés pendant les hivers ou la neige vient bloquer les portes et qu’ils faut déneiger assez souvent, faisant seulement la joie des enfants se livrant à des batailles de boules de neige.
Leur logement est le deuxième à gauche au rez-de-chaussée, l'unique fenêtre donne sur l’arrière, avec vue sur les champs. Une fois franchi la porte, la grande pièce qui compose l’habitation s’offre au regard. Ils ont partagé le volume en deux. Une armoire de chaque côté d’un rideau tendu fera la séparation de la « pièce » où se trouvent les lits avec une petite table centrale, sous laquelle se trouve une petite trappe, donnant accès à une minuscule cave où l’on peut attraper, disposés sur une étagère, les denrées mises au frais, pour cela il faut se mettre à genoux et tendre le bras vers les planches. Un poêle en carreaux de faïence montant jusqu’au plafond assurera le chauffage. La première partie du logement avant de franchir le rideau est leur cuisine où une cuisinière à bois et charbon est installée à gauche, et à droite, la table de travail avec un seau d’eau claire, tirée du puits se trouvant dans la cour. Une louche et un gobelet en alu sont accrochés à proximité, servant à prendre l’eau ou à étancher la soif. Au mur, recouvert d’une couche de peinture à l’eau sur lequel des motifs au pochoir sont dessinés, on retrouve des torchons brodés, avec des scènes naïves, cours de ferme avec barrières en bois, poules, canards, quelquefois une maxime au point de croix, en fils bleus ou rouges, est cousue sur le tissu blanc écru. Pas d’évier, une cuvette émaillée que l’on vide dans un seau et un seau que l’on vide quand il est plein, un peu plus loin, dans les champs, ou sur le tas d’épluchures qui feront le compost des mini-jardins.
Les commodités sont à l’extérieur, petit édicule en planches, au fond du jardin commun, côtoyant quelques cabanes alignés servant de pigeonniers ou de remises à charbon. Blocs de charbon qu’il faut soit même casser, car il est livré en vrac ,ou plutôt, qu’il faut aller chercher à la gare directement dans les wagons de transport d’anthracite, charger dans les charrettes à 4 roues tirées par des chevaux et ramener à la maison. Ensuite briser les énormes morceaux qui ne rentrent pas dans les fourneaux. C’est l’univers des Polonais de l’époque et même bien plus tard, lorsque je découvris cet environnement lorsque je me rendis pour la première fois en Pologne en 1957.
J’avais 9 ans.
Rien ne devait avoir beaucoup changé. Ils sont alors pauvres, mais pas malheureux, c’est le quotidien de la majorité des Polonais des années de communisme d’après guerre, enviant la prospérité qui s’installe à l’Ouest.
Je voyais pour la première fois, mon grand-père et ma grand-mère Polonaise...."
L'image est tirée d'un site polonais rempli de photos anciennes et intéressantes, je me suis attardé dans le vieux Widzew et j’y ai revu des lieux qui me sont remontés en mémoire, où je me suis baladé, ou même baigné, comme la piscine au pied des usines de filatures.
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Zoska : N'hésite pas à parcourir ce site, c'est aussi l'univers de la jeunesse de ta maman . C’est par là : [
lodz.fotopolska.eu]
PS : Comme dirait
Jean-Pierre : C'est un pays qui ressemble à la cité du Ranzay, on dirait... le temps dure longtemps, lalala...