Re: Dzien flagi
Posté par:
comète (IP Loggée)
Date: 04 mai, 2009 18:07
A Yitin,
Vous avez raison de souligner que les Français préfèrent être fiers de l'amitié entre Voltaire et Catherine II, pour laquelle ils ont, allez donc savoir pourquoi, les yeux de l'amour. Ils s'enchantent aussi de leur génie révolutionnaire. Ainsi pour l'abolition de l'esclavage, autre nom du servage, elle n'a été effective qu'en 1848 en France, malgré les droits de l'homme, leur très grande fierté nationale. Ils s'enchantent également du suffrage universel qui n'a été inventé qu'en 1848. Quant à la guillotine, ce n'est pas un problème pour eux.
Jean-Stanis a écrit:
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> En effet, il est stipulé dans
> l'un de ses paragraphes que "le peuple polonais
> est constitué par la noblesse"... J'ai eu donc un
> choc en prenant connaissance de cela, car mes
> arrières-arrières grands-parents, des "chlopy"
> quant à leur statut social, et bien que placés
> sous la protection du Roi (dans cette
> constitution),étaient toujours asservis au
> seigneur local (à Rzeszow notamment).
> C'est une simple question concernant un point
> d'histoire et sans esprit de polémique.
> Merci par avance.
Je n'ai pas très bien compris le problème de ce détail historique. A quelle date situez-vous ces ancêtres?
Si vous parlez de la Constitution de 1791, qui n'a été en vigueur qu'un an, sachez que Rzeszow appartenait à la famille Potocki, ces "grands démocrates" qui étaient furieux de ne plus disposer du liberum veto, qui leur permettait de n'en faire qu'à leur tête, surtout quant il s'agissait de payer l'impôt qui permettait de financer une armée pour se défendre des appétits des voisins. Donc normal qu'ils n'aient pas voulu appliquer les règles de la Constitution, ne serait-ce que pendant un an, puisque ensuite, grâce au zèle civique des Potocki, a eu lieu le dernier partage de la Pologne, qui a du même coup annulé la Constitution de 1791.
Reste à savoir ce que vous appelez servage: s'agit-il de la soumission au droit local par opposition au droit de l'état, ou de l'attachement irréversible à la terre sur laquelle est né le paysan et qui ne lui appartenait pas (non-mobilité de la personne), ou s'agit-il de la corvée qui était une sorte d'impôt public payé en nature au seigneur administrateur des terres qu'il possédait, dans la logique des sociétés aristocratiques. Sachez aussi que la Constitution de 1791 dispensait de corvée les paysans qui avaient servi dans l'armée polonaise. Bref, une autre forme d'impôt public. En somme, le servage, au sens de l'absence de liberté pour les paysans a bel et bien été aboli en 1791, mais pour un an seulement, ce qui ne nous ramène à l'exemple français de la très belle et très grande déclaration des fameux droits de l'homme qui sont restés lettre morte si longtemps.
L 'abolition effective du servage a finalement eu lieu selon des modalités différentes et à des dates différentes selon les trois empires qui se sont partagés la Pologne. Le premier a le faire a été l'empire d'Autriche-Hongrie, mais pour l'application du décret qui rendait aussi les paysans propriétaires des terres qu'ils cultivaient, ce fut une autre histoire et en Autriche-Hongrie et en Russie, car les paysans devaient acheter les terres dont ils devenaient propriétaires. Là ce sont les Prussiens qui ont été le plus habiles dans la gestion économique du problème en traitant le problème de l'abolition du servage en deux étapes. La Russie a aboli le servage le plus tard et de façon tout à fait bordélique. L'Autriche-Hongrie, première pour l'acte juridique lui-même, a choisi la méthode la plus lente pour l'application effective, si bien que dans certains domaines il y avait encore des serfs en 1918, notamment à Nidzica.
Bref, au nom de vos ancêtres serfs, comme les miens d'ailleurs qui ne sont devenus des hommes libres qu'en 1863, de qui et de quoi faites-vous le procès?