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Des Polanes aux Polonais 
1848. Révolution en Galicie
Posté par: Paul (IP Loggée)
Date: 07 novembre, 2006 00:04


1848. Révolution en Galicie

La révolution survint en Galicie à la suite de celle du 13 mars 1848 à Vienne. Le 15 mars, des groupes d’ouvriers, d’artisans et d’étudiants de Cracovie commencèrent à se rassembler aux portes de la prison locale pour exiger la libération des prisonniers politiques. Des représentants de l’aristocratie et de la bourgeoisie persuadèrent le commissaire de police Maurycy Deym de relâcher les prisonniers afin d’éviter des troubles.

Le 18 mars, un Comité National (Komiter Narodowy) fut mis sur pied à Kraków, présidé par Józef Krzyzanowski. Le 18 mars, des démonstrations eurent lieu également dans la capitale de la Galicie, Lwów. Dans les deux villes, une Garde nationale fut formée. Celle de Kraków était commandée par Piotr Moszynski, un propriétaire terrien de Volhynie, qui représentait les intérêts de la noblesse locale tandis qu’à Lwów on avait mis à sa tête deux journalistes : Jan Dobrznski et Jozef Dzierzkowski. Comme au cours des évènements de 1846, la société était divisée entre les représentants des intérêts de la noblesse et de la haute bourgeoisie et ceux qui représentaient les couches moins favorisés (ouvriers, artisans, ...). Tandis que le premier groupe considérait la garde nationale comme une simple force de maintien de l’ordre, l’autre la voyait comme une force militaire qui pourrait aider les troupes polonaises du Royaume dans l’éventualité d’un soulèvement général. Les paysans regardaient ces manifestations avec méfiance à cause de la participation de la noblesse, mais ils étaient sensibles à l’abolition du servage et de la corvée.

Suivant l’exemple Tchèque, une adresse à l’Empereur fut rédigée les 18 et 19 mars par deux avocats, Franciszek Smolka et Florian Ziemialkowski, qui demandaient des pouvoirs accrus pour les autorités nationales polonaises, des libertés civiles, l’utilisation de la langue polonaise dans l’enseignement et l’administration, la liberté de la presse, l’abolition du servage et l’amnistie. Rien qu’à Lwów (70.000 habitants), quelque douze mille personnes s’empressèrent de signer, aussi bien des Polonais que des Ruthènes et des Juifs. Le 19 mars, l’adresse fut présentée au gouverneur de Galicie, Comte Franz Stadion. Le 26 mars, sans attendre la réponse du gouverneur, une députation conduite par le Prince Jerzy Lubomirski pris la route de Vienne pour se présenter devant l’Empereur. Influencée par le climat révolutionnaire ainsi que par des représentant du Comité National, la députation galicienne modifia le document : au lieu de réclamer l’autonomie politique de la Galicie, elle en appelait à l’Empereur pour rejeter les traités de partages de la Pologne, restaurer l’indépendance de l’Etat polonais et déclencher une guerre contre la Russie, laquelle aurait le soutien de tous les Polonais. Le 6 avril, l’Empereur Ferdinand Ier reçu seulement le Prince Lubomirski et un petit groupe de délégués et se débarrassa d’eux par des déclarations d’amitié envers les Polonais et l’assurance que sa réponse serait transmise par ses ministres. Cette promesse ne fut jamais tenue et les membres de la députation polonaise revinrent en Galicie sans apporter la moindre déclaration. Plusieurs membres restés à Vienne essayèrent de mener des négociations avec le gouvernement. Finalement, la réponse vint le 29 mars du ministre de l’Intérieur, Franz Pillersdorf qui, se référant à la constitution du 25 avril 1848 laquelle rencontrait, selon lui, la plupart des demandes polonaises, refusa son consentement pour la création de Comités nationaux et de forces militaires polonaises en Galicie.

Les évènements révolutionnaires de 1848 mobilisèrent non seulement les Polonais mais aussi les Ruthènes de Galicie. L’adresse polonaise du 19 mars ne mentionnait pas l’existence de la nationalité ruthène, en conséquence, le 19 avril, à l’initiative du Gouverneur Stadion, un groupe de dignitaires de l’Eglise Uniates rédigea une supplique à l’Empereur sollicitant sa protection contre l’oppression polonaise. Leur requête se limitait aux droits d’utilisation de la langue ukrainienne sans faire référence à la question paysanne. Le 2 mai, un Conseil Suprême ruthénien (Holovna Ru’ska Rada) fut mis en place avec l’approbation de Stadion et sous la direction de l’évêque Hryhorii Iakhymovych. Bientôt d’autres Conseils furent institués. Leur programme était inclus dans le manifeste du 10 mai et allait en l’encontre de la proclamation du Conseil National Polonais laquelle considérait la Galicie comme un tout. Dans le mémorandum du 17 juillet (et ensuite du 28 octobre), les Ruthènes demandaient la division de la Galicie en une partie orientale (ruthène) et occidentale (polonaise). Le Conseil National de Lwów tenta de contrecarrer le Conseil Suprême Ruthène en créant une Assemblée Ruthène (Rus'ky Sobor) le 23 mai composée de Polonais d’origine ukrainienne, prêts à coopérer avec les Polonais de souche, mais la tentative échoua. Le “réveil” de la nation ruthène en Galicie était un fait accompli. En même temps, le 13 avril, un Conseil National (Rada Narodowa) était fondé à Lwów dans le but d’entraver la réactivation du Sejm galicien. Des conseils provinciaux civiques furent aussi établis dans toute la Galicie en soutien au Conseil National de Lwów.

L’administration autrichienne d’un côté, le Comité de Kraków et le Conseil de Lwów de l’autre, tentèrent d’obtenir le soutien de la paysannerie. Pour empêcher le renoncement volontaire du servage chez les propriétaires terriens, le Gouverneur Stadion notifia le 5 avril une disposition dans laquelle il exigeait que les propriétaires terriens qui renonçaient au servage ne puissent le faire s’ils avaient engagé leurs biens. Cela rendait impossible une abolition légale de celle-ci dans la mesure ou la plupart des propriétés galiciennes étaient hypothéquées. De plus, l’abolition inconditionnelle du servage et de la corvée faisait craindre aux seigneurs la perte sans compensations de leurs droits de propriétés sur les forêts et les pâturages.

Dans la nuit du 5 au 6 avril, un groupe de représentants de la Société Démocratique Polonaise arriva à Kraków et lança un appel aux propriétaires terriens polonais pour proclamer l’abolition du servage à partir du dimanche de Pâques (23 avril). Il les avertissait qu’autrement le gouvernement autrichien prendrait une initiative qui pourrait causer une « réaction sanglante du peuple ». Un appel semblable fut lancé par le Conseil National de Lwów. En conséquence, avant le 22 avril, le servage fut aboli dans 5 à 10 % des villages. Sans attendre le dimanche de Pâques, le 22 avril, Stadion, de sa propre initiative, annonça son abolition en Galicie au nom du gouvernement autrichien. La décision prise en Galicie annonçait un acte analogue dans les autres provinces de la monarchie, lequel fut proclamé le 4 septembre 1848. Grâce à l’initiative du Gouverneur Stadion, les paysans galiciens crurent que leur véritable bienfaiteur était l’Empereur d’Autriche plutôt que les démocrates polonais. D’un autre côté, il fit en sorte que la noblesse devienne dépendante de lui-même dans leurs efforts pour obtenir des conditions favorables garantissant leurs intérêts. La noblesse fonda la Société des propriétaires terriens (Stowarzyszenie Ziemianskie) et un Conseil Privé (Beira) auprès du Gouverneur.

À la même époque, à Kraków, les activistes de la Société Démocratique Polonaise préparaient un soulèvement. Pour entraver leur action, le sous-préfet de Kraków, Krieg, promulgua l’embargo sur la fabrication d’armes et interdit l’entrée en Galicie aux émigrés (considérés comme les cadres principaux du futur soulèvement). A la suite de cette décision, la foule se dirigea vers la sous-préfecture, détruisit ses bureaux et força Krieg à rapporter ses décisions. En conséquence, le 26 avril, les troupes autrichiennes commencèrent à désarmer la Garde nationale et les habitants. Lors de cette opération, il y eut plusieurs morts et blessés. Le Général autrichien Castiglioni donna l’ordre à ses troupes de se retirer sur la colline de Wawel et commença le bombardement de la ville. Sous la pression des notables, le Comité National et la Garde nationale furent dissous, et les émigrés expulsés.

Après l’échec de la révolution à Kraków, Lwów devenait le centre du mouvement révolutionnaire en Galicie. Une divergence surgit avec les radicaux au sein de la direction du Conseil national. Tandis que les modérés défendaient un compromis avec les autorités autrichiennes, les seconds n’avaient d’autre idée que l’indépendance. L’échec de la révolution d’octobre à Vienne faisait que la survie de celle de Galicie n’était plus qu’une question de temps. Un combat de rue, probablement une provocation, fut le prétexte pour le bombardement de la ville le 2 novembre. La ville capitula, la Garde nationale et toutes les organisations polonaises furent dissoutes et l’Etat de siège décrété dans toute la Galicie.
Après l’échec de la révolution, un mouvement révolutionnaire clandestin dirigé par Julian Goslar survécut toutefois. La conspiration fut découverte par les autorités autrichiennes et Goslar fut arrêté et exécuté en 1852.

L’écrasement de la révolution en Galicie contribua à l’arrêt de l’idée d’un soulèvement national de tous les Polonais et provoqua une méfiance certaine envers les politiciens polonais de l’émigration.
Le réveil du sentiment national ruthène en fut une autre conséquence.

Re: 1848. Révolution en Galicie
Posté par: René (IP Loggée)
Date: 07 novembre, 2006 09:39

Merci Paul,

la lecture de ton texte m'inspire à chaud ces reflexions:

-La division de la Galicie entre Polonais à l'ouest et Ruthène à l'est, me rappelle les dernières elections presidentielles, avec cette même division entre les Ukrainiens et les Russes. Les frontières de l'ukraine ne semblant toujours pas établie depuis l'emmergence du nationalisme (au sens positif) ukrainien.
-Le retard pris dans l'evolution personnel de la construction mentale par le survivance du servage au 19ème siècle.
-Le défi de l'adhesion de la paysannerie, à l'idéal porté par une elite intelectuelle, devant contrevenir aux resistances de l'interet particulier.
-L'extreme difficulté de coordonner les actions d'un mouvement revolutionnaire, dans un pays divisé et soumis à l'administration de 3 pays occupants.
On constate néanmoins le coté diplomate et calculateur des autrichiens qui appuie la force d'une certaine légitimité contrairement aux russes et prussiens qui ne s'embarrassent pas de tel manoeuvres.



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