Mi-août 1972, dans le port allemand de Wilhelmshaven, de son yacht amarré, le colonel. Ryszard Kuklinski. officier polonais envoie un courrier à l'attaché militaire à l'ambassade américaine à Bonn.
«Je suis un officier de l'armée de l'un des pays du Pacte de Varsovie. Je voudrais rencontrer en secret un représentant de l'armée américaine ".
Le colonel s’est avéré être un atout précieux pour le renseignement américain. En tant que chef adjoint des opérations de l'Etat-major général, il a eu accès aux informations militaires classifiées. En 10 ans de coopération, les Américains, il leur a remis 40,000 pages de documents militaires. Ceux-ci comprenaient le projet d’attaque des armées des pays du Pacte de Varsovie contre l'Europe occidentale, les plans pour l'utilisation des armes nucléaires soviétiques, les données techniques des dernières armes soviétiques, ainsi que le projet d'introduction de la loi martiale en Pologne.
En 1981, menacé d’être découvert, il s’enfuit aux États-Unis. Il y mourut d'un accident vasculaire cérébral 11 Février 2004.
Lors du dixième anniversaire de sa mort, le metteur en scène Wladyslaw Pasikowski lança son film "Jack Strong" ( pseudonyme adopté par Kuklinski comme agent de la CIA). La bande-annonce du film fut diffusée.
L'histoire du colonel est un défi parce que son personnage est un sujet de controverse. Pour certains, c’est un héros qui a sacrifié sa carrière et la sécurité de sa famille pour sauver sa patrie. Pour sla coopération avec la CIA, il payé le prix fort. En 1984, un tribunal militaire polonais l'a condamné à mort par contumace pour trahison. Le jugement fut invalidé'en 1997. En outre, deux de ses fils sont morts dans des circonstances mystérieuses aux États-Unis et il est possible que ce soit une vengeance russe.
Le conseiller pour la sécurité nationale du président des États-Unis Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski a surnommé Kuklinski « le premier officier polonais de l'OTAN. » En révélant les plans soviétiques aux Américains, il a contrecarré une invasion potentielle de l'armée soviétique à l'Ouest, qui aurait également détruit la Pologne - souligne l'analyste politique et enseignant Witold Adamczyk.
Kuklinski lui-même a expliqué que pour pouvoir contacter la CIA, il lui a fallu analyser les plans soviétiques pour attaquer l'Occident. Selon eux, l'URSS avait prévu un succès instantané en surprenant les forces ennemies avec une immense armée de deux millions d’hommes.
Le seul salut pour l'OTAN aurait alors consisté en une attaque nucléaire sur l'avant-poste du pacte de Varsovie, à savoir la Pologne, pour éviter tout déplacement à travers le pays des principales forces soviétiques.
Cela aurait pu causer la mort de 10 millions de Polonais.
L'officier, en fournissant des informations aux Américains, voulait empêcher la guerre et annuler l'effet de surprise des Soviétiques.
Les archives américaines montrent que grâce à l'information de l'OTAN cela a changé le concept de la défense de l'Europe : les armes nucléaires étant abandonnées au profit des armes classiques - ajoute l'historien et ancien militaire Adam Ozimiński.
Selon le major Stanislaw Majewski : « Les actions de Kukliński ont affaibli le Pacte de Varsovie, au détriment des intérêts de la nation polonaise.
Trente ans plus tôt lors de la conférence de Yalta, la Pologne a été livrée à l'Union soviétique.
Si la guerre avait éclaté, les informations fournies par Kuklinski auraient causé à nos troupes de plus grandes pertes. Les objectifs des unités polonaises étaient bien connus de l'OTAN et nous n'avions aucune chance. »
Les partisans de Kuklinski soutiennent qu’en révélant les plans militaires aux Américains, il a contrecarré l'intervention militaire soviétique en Pologne en 1981. À leur avis, le président Carter a averti alors Premier secrétaire de l'Union soviétique Leonid Brejnev les conséquences d'une telle intervention. Cela a incité le Kremlin à abandonner sers plans. - En retour, Moscou a utilisé le général Wojciech Jaruzelski et l'état de guerre comme un moyen de destruction de "Solidarité" -. selon Adam Ozimiński
D'ailleurs, même si nous supposons que le colonel Kuklinski a agi pour une cause juste, un officier qui agit contre son pays ne peut pas être un modèle moral.
Pour le colonel Jakub Niwecki, si l’on croit que Kuklinski fut un traître qui a trahi son serment, si la Pologne avait été était souveraine, le citoyen était engagé à la défendre. À son avis, l'opposition aux autorités communistes ne devrait pas conduire à une coopération avec les services de renseignement étrangers. Tandis qu'un autre ancien colonel, qui a demandé à ne pas être nommé, estime que les activités de Kuklinski n’étaient pas une trahison, mais sauvèrent le pays. - Mais on ne peut nier l'héroïsme des cadets du complot mené par le lieutenant. Piotr Wysocki, contre le grand-duc Constantin - dit-il.
Kuklinski était dans les années 70 et 80 l'un des agents les plus précieux de la CIA en Europe de l'Est, et ses informations a conduit indirectement à l'effondrement de l'Union soviétique.
Quand Ronald Reagan a rencontré Mikhaïl Gorbatchev en octobre 1986 à Reykjavik, un incident a eu lieu : durant d'âpres discussions, Caspar Weinberger, le secrétaire de la défense, a transmis à Reagan un dossier des plans de localisation et de construction des plus importants bunkers de commandement stratégique soviétique préparés pour conduire la guerre nucléaire avec l’Ouest.
Source : Polska Zbrojna
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