J'ai commandé le Döblin et je vais le recevoir demain je pense. Je le fais d'autant plus volontiers que c'est un excellent auteur, un des écrivains majeurs de cette période.
Voilà ce que je trouve à propos du "Voyage en Pologne", sur le Magazine Littéraire. Je recopie tel quel :
Alerté par les premiers pogroms, Alfred Döblin quitte Berlin en 1924 pour découvrir la Pologne.
Le voyage d’écrivain est un genre littéraire inégal, décousu souvent : il peut donner lieu à des mémoires de touriste curieux, aux notes d’un observateur engagé à l’étranger, ou bien à des explorations exotiques À certaines conditions, ce récit devient un document personnel historique et politique de très grand intérêt. Lorsque, par exemple, l’écrivain s’appelle Alfred Döblin, qu’il est l’un des écrivains européens les plus importants du début du XXe siècle, et qu’il quitte Berlin en 1924 pour découvrir la Pologne pendant deux mois. Alerté par des premiers pogroms qui ont lieu en Allemagne, et par la montée de l’antisémitisme, Döblin veut comprendre ce qui se passe en Pologne, quelles y sont les conditions d’existence, comment les gens vivent et ne vivent pas ensemble : « Je veux savoir ce qui se passe dans ce pays, quelles forces, quelles puissances organisent l’État, qui gouverne officiellement ou non. Qui a le pouvoir et qui parle. [...] Je demande : qui a faim dans le pays, et qui est rassasié ? Qu’est-ce que des crimes politiques ici ? » Mais, en partant pour la Pologne, c’est aussi à la rencontre des Juifs que part Döblin, né dans une famille juive. Il veut connaître qui sont les Juifs de l’Est, eux qui possèdent leur propre langue, leurs rites, leurs coutumes, et sont restés en somme « un peuple », en comparaison avec les communautés qui vivent en Allemagne. Une grande partie de ces pages sont donc consacrées à la visite des quartiers juifs, des écoles et cimetières, à la rencontre des rabbins et des communautés de Varsovie, de Cracovie ou de Vilnius. Döblin, dont l’éducation fut très peu imprégnée de judaïsme, assiste aux rites sans bien les comprendre, tente de saisir la spiritualité étrange des plus orthodoxes, analyse les luttes politiques entre les différents groupes, évoque les conséquences politiques du sionisme. Ce témoignage, qui regarde aussi de face la montée de l’antisémitisme, a évidemment une grande force au regard de ce qui s’apprête à arriver vingt ans plus tard avec l’élimination systématique de la population juive. Comme le dit très justement Heinz Graber, qui signe la postface érudite de cette édition, Alfred Döblin nous livre « les photos instantanées de victimes avant l’entrée de leurs assassins ». On ressent dans ce récit le talent de l’auteur de Berlin Alexanderplatz paru en 1929 pour observer le chaos urbain, regarder l’envers des rues et la pauvreté des hommes et des façades, se laisser entraîner sur la plateforme d’un tramway ou dans une église, fasciné par la piété de fidèles adorant une statue de la Madone. Döblin n’a pas peur des énumérations, des digressions historiques, des citations des personnes croisées qui prennent part à son enquête tâtonnante. Où qu’il aille, il cherche à comprendre les hommes installés sur cette terre : « Là un homme intelligent me parle à voix basse : "Un État, c’est l’équilibre entre oppresseurs et opprimés. Mais en Pologne la classe de ceux qui souffrent grandit." »
Cela semble très intéressant !
Adresse où on peut trouver cet article :
[
www.magazine-litteraire.com]
Merci, à bientôt.
Ubik.