Re: armee polonaise eb bretagne
Posté par:
Jean-Stanis (IP Loggée)
Date: 22 décembre, 2017 12:26
Suite 2- Le sort des unités polonaises du Sud-ouest
Ne pouvant effectuer un franchissement organisé de la Loire, les unités polonaises furent dissoutes et se constituèrent en petits groupes, placés sous l’autorité d’un gradé. Elles eurent la consigne de franchir la Loire à St Brévin, Le Croisic ou La Turballe, puis de marcher ensuite sur La Rochelle et Le Verdon-sur-mer. A La Turballe et au Croisic des contacts sont pris par le général Faury avec les maires locaux et les syndicats des marins pêcheurs. Ces derniers firent preuve d’une entière compréhension devant la situation présente et mirent tous leurs moyens en œuvre pour transporter le maximum de soldats polonais aux Sable d’Olonne, à l’ile d’Yeu, voire même jusqu’au Verdon. A La Turballe on pouvait embarquer 900 soldats par rotation. A partir de l’ile d’Yeu, des thoniers les prenaient en charge jusqu’à St Jean de Luz. Ces mêmes marins pêcheurs assurèrent aussi des navettes entre la côte et des bâtiments britanniques, en attente au large. Le 20 juin, cinq contre-torpilleurs britanniques se présentèrent à St Nazaire, ainsi qu’à La Turballe, pour évacuer des blessés Anglais. Ils acceptèrent aussi à embarquer vers l’Angleterre quelques 3.000 Polonais. Ces mêmes pêcheurs assurèrent des navettes entre la côte et les bâtiments britanniques. Le général Faury embarqua à La Turballe le 20 juin à 2 heures du matin. Les pêcheurs locaux (La Turballe et du Croisic), connaissaient les risques qu’ils encouraient. Le patron du bateau qui accepta de le transporter lui dit « Au lever du jour nous serons en dehors des lieux de pêche, si les aviateurs allemands nous aperçoivent, notre sort est fixé, ils nous enverrons par le fond. Mais cela fait partie des risques, à vos ordres mon général… ».
Pendant ce temps, la Brigade Polonaise du Nord prit, à partir du 16 juin, les dispositions nécessaires à la défense de la poche de Bretagne. Le général Beguoz, commandant cette brigade, prit position sur le Couesnon. Elle venait de débarquer de Narvik depuis la veille et son artillerie était encore sur les bateaux de transport anglais… Elle fut attaquée le 18 juin, sur son aile droite et ses arrières, par des forces allemandes qui débouchaient de Rennes. Sur l’ordre de son chef, elle fut alors dissoute, puis par petites unités, les soldats polonais tentèrent de gagner Brest ou encore de se diriger sur la Loire à travers un pays maintenant occupé. Pour donner une idée de la détermination des unités polonaises à se faufiler entre les mailles du réseau allemand d’occupation, il faut signaler qu’une compagnie de chasseurs de Narvik, conduite par le colonel du régiment, partit de St Malo le 18 juin et atteignit Montluçon, en tenue et en armes, quelques semaines plus tard… A la fin de juillet les représentants de la Légation polonaise à Vichy signalaient que 2.000 recrues polonaises, cherchant à regagner les mines du Nord, étaient arrivées dans les environs de Paris…
En juillet 1940, est créé à Toulouse un centre de démobilisation pour soldats polonais ayant réussi à franchir la ligne de démarcation, afin d’échapper à la captivité. Ces derniers cherchaient aussi à obtenir de l’aide et à régulariser leur situation. Depuis ce centre, beaucoup d’entre eux cherchèrent aussi des moyens pour rejoindre l’Angleterre par St Jean-de-Luz ou encore par l’Espagne via Gibraltar. Cette aide leur fut au début assumée par le consulat polonais de Toulouse, qui fonctionna jusqu’au mois de septembre 1940. Toutefois après sa fermeture, des organisations clandestines d’évacuation se constituèrent immédiatement. Ces organisations étaient françaises, belges et polonaises et s’impliquèrent aussitôt à faire passer en Angleterre des soldats français, belges et polonais. Elles furent alors combattues, d’abord par la police de Vichy, puis rapidement par des unités de la Gestapo allemandes établies le long de la frontière. Voir suite partie 3.