- Commerce maritime :

- Les marins français n'ont pas ignoré la Baltique : au fil des siècles, avec des hauts et des bas, des navires français ont sillonné cette mer, ou plutôt ce grand fleuve qui se jette dans la Mer du Nord; non pas pour sa domination militaire mais pour assurer des échanges avec la Pologne en pratiquant un commerce de compensation afin d'éviter de débourser or et argent :
- Important en France le blé polonais (qui permettra de combattre les famines chroniques), le bois, le lin et le chanvre (matériaux indispensables à la construction navale), la potasse, du poisson séché.
- Exportant du sel noir (conservation du poisson), du vin, des produits coloniaux, des étoffes et produits finis, du tabac, du sucre, des fruits de Provence, du verre à vitres.

- Les Tables de la douane du Sund ("péage" danois) gardent le souvenir de ces navires battant pavillon français.

........ Au XVI° siècle, un gentilhomme, Charles de Danzay, de son vrai nom, Charles Quissarme, seigneur de Danzay, né à Saint Maixent en 1515 oeuvra pendant 40 ans sous les ordres de Catherine de Médicis aupres des Etats riverains de la Baltique pour développer nos échanges commerciaux. Politiquement alliée de l'Ecosse et du Danemark, la France soutenait la Pologne dans son rôle de barriere entre Moscovie et Allemagne. Comme beaucoup de non-conformistes, Danzay dont la tâche fût immense finit dans la misère et vit sa mémoire oubliée.
- En 1567, au Sund, on signala 6 navires de Dieppe, 6 de Rouen, plusieurs de La Rochelle en route vers Danzig - (sans oublier les contrebandiers), - des batiments de 600, 800 tonneaux. A noter les caprices de Catherine de Médicis qui demanda à Danzay de ramener en France des haquenées, chevaux rares , et .......... des nains.
- En 1572, la Saint Barthélémy mit fin aux ambitions commerciales françaises avec la Pologne ; la Hanse et les Lubeckois s'imposèrent.

....... Au XVII° siècle, la France toujours en proie aux famines, avait un besoin vital du blé polonais. Richelieu restaura les arsenaux et fit construire de nouveaux vaisseaux. En 1630, le passage d'Elseneur enregistra 26 navires français, 72 en 1631. A partie de Danzig, la France importait des canons suédois. Puis les Hollandais remplacérent les Francais comme intermédiaires : de 1636 à 1642, le Sund n'enregistra que quatre navires marchands de France . Mazarin tenta, en vain, de relancer les échanges : Duquesne et les marchands de Dieppe ne purent passer qu'un navire en 1651, 2 en 1654.
- 1669 : Arrivée de Colbert, la France ne possédait que 300 batiments au long cours contre 16.000 de tout tonnage pour la Hollande. A Danzig, Colbert s'appuyant sur une puissante famille de négociants rouennais, les Formont, fonda la " Compagnie du Nord". Jean Formont aligna une cinquantaine de navires entre la France et la Pologne. A partir de 1679, les armateurs de Dunkerque firent construire à Danzig plusieurs frégates de course. A la mort de Colbert en 1683 , la France possédait 750 grands vaisseaux (600 tonneaux) dont une cinquantaine sillonnaient la Baltique. Pour résoudre les problèmes de naviguation en Manche , Dunkerque fût aménagé et fortifié (Vauban).

....... Louis XIV, en conflit avec l'Europe entière, continua à assurer les échanges grâce à la Royale ( A Danzig, son filleul , Louis Abensur armait 12 navires marchands). En 1692, la France achète un navire à Danzig. En 1693, un important achat de blé gagne Rouen sous bonne escorte. Thomas de Gendre construit à Danzig "La Couronne de Pologne " et le "Marie". Jean Bart, avec une escadre lègère raméne à Dunkerque 27 navires de commerce. Même réussite pour le Capitaine de Vaisseau Chamillard.
- Le 29 juin 1694, Jean Bart, en escorte d'un convoi de 200 navires marchands avec sept vaisseaux de ligne, engage un violent combat naval contre les huit batiments de l'Amiral hollandais De Vries. Victorieux, Jean Bart raméne à Dunkerque 120 commerciaux (De Vries est capturé). En novembre, nouvelle escorte de convoi sans problème pour Jean Bart.
- En 1695, les marchands de Lille firent construire à Danzig un 40 canons le "Pontchartrain" qui .................coula à la sortie du port.
- Une épidémie de peste qui éclata dans le Nord suspendit les relations entre la France et la Pologne pendant la fin de règne de Louis XIV
- En 1713, le Sund enregistra 30 navires, 72 en 1714, 22 en 1715

- Le démantélement de Dunkerque et le comblement de son port portèrent un coup fatal aux échanges avec la Baltique. Elles reprirent en ........ 1918 !

- Colbert fût un grand artisan de la politique française en Baltique contribuant à l'essort économique des nations du Nord. Colbert acheva l'oeuvre de Charles de Danzay et du Cardinal de Richelieu . Leurs efforts ne furent pas suivis et une politique commerciale de la Baltique fût abandonnée.

- Réf : H. Hauser, P. Charliat

-- " Il existe deux types d'hommes : ceux qui vont sur l'eau et ............les autres"



Message modifié (28-10-2004 à 18h16)

G.P.

Ca devait être incroyable comme spectacle, 200 navires de commerces escorté par huit navires de ligne, le tout tributaire de la maneuvre, du vent et des courants, ne se déplaçant pas à la même vitesse, dans les passages étroits de Manche, mer du Nord, passage devant les Hollandais et détroit dano-suédois.
Le Wasa (navire suédois de la baltique du XVIII a coulé aussi à la sortie du port le jour de son lancement, il est exposé en suède (ou ?) dans un musée spécifique, sortit de l'eau il y a quelques années, il est a l'abris de la lumière et arrosé en permanence, on le visite sur plusieurs niveaux de passerelles sans monter dedans.

Le Wasa est à Stockholm dans un musée qui a été spécialement construit pour lui, le musée Wasa

- Tu as raison : on était loin de la Transat avec air conditionné, GPS, routeur ou autre pilote automatique. Et en plus d'éviter de "monter sur les cailloux", fallait organiser l'escorte et combattre le hollandais, sans les moyens radio - radar et autre ! Bravo Jean Bart !



G.P.