Le vice-Premier ministre polonais Andrzej Lepper, qui est aussi ministre de l'Agriculture et chef du parti populiste Samoobrona (Autodéfense), membre de la coalition gouvernementale, a été limogé, a annoncé ce soir le porte-parole du gouvernement. M. Lepper a été relevé de ses fonctions par le président Lech Kaczynski, à la demande du Premier ministre, son frère jumeau Jaroslaw Kaczynski. "La décision fait suite à des faits en rapport avec les opérations du Bureau national anti-corruption, concernant une corruption à grande échelle. Deux personnes ont été arrêtées en liaison avec cette affaire", a déclaré le porte-parole(source le Figaro)

EN DIX ANS, Andrzej Lepper est devenu un chef de parti incontournable. Sa formation, qui en 1997 récoltait péniblement 0,1% des suffrages, s'est imposée aux dernières élections comme la troisième force politique du pays grâce à l'effondrement de la gauche.

Un agitateur qui essaye de rentrer dans le rang








Qui est Andrzej Lepper ?
Un ancien directeur de kolkhoze, membre du Poup (l'ex-parti communiste polonais) jusqu'en 1980.
Reconverti après la chute du communisme en exploitant agricole, il fonde, au début des années 90, Samoobrona (Autodéfense). A la fois parti et syndicat, Samoobrona, qui se pose en porte-parole du monde rural, draine les laissés-pour-compte des changements. Le discours de son leader est aussi simpliste qu'efficace : le capital occidental pille une Pologne gouvernée par une élite corrompue. Héraut du protectionnisme, Lepper prône la fermeture du pays aux produits étrangers, la révision des privatisations et tout un arsenal de mesures sociales irréalistes.

Un agitateur qui essaye de rentrer dans le rang

Rablé, pugnace, Lepper est un agitateur, un curieux mélange de gauchisme anarchisant et de nationalisme extrémiste, l'enfant de José Bové et de Jean-Marie Le Pen, ses deux références françaises. Comme Bové, il organise des barrages routiers et des marches de protestation. En 1992, il s'illustre en déversant des tonnes de purin devant le siège d'un parti politique. En 1994, il se retrouve en prison pour avoir agressé un exploitant agricole. Ses frasques lui valent un nombre impressionnant de poursuites judiciaires. Ses formules à l'emporte-pièce régalent les journaux. Lech Walesa ? Un «petit magouilleur». L'ancien président Kwasniewski ? Un «fainéant». Goebbels ? «Un grand homme en technique sociale.»

Comme Le Pen, il est fasciné par un style de pouvoir autoritaire. Celui de Hitler, qui, dit-il, «a remis l'Allemagne sur pied au début de sa carrière», mais aussi celui de Poutine ou du biélorusse Loukachenko, bête noire de la classe politique polonaise que lui seul s'abstient de critiquer.

A 51 ans, Lepper semble pourtant vouloir rentrer dans le rang, devenir un homme politique fréquentable. Il a remisé sa chemise à carreaux et son éternelle cravate aux couleurs du drapeau polonais pour un costume plus neutre. Il a mis en sourdine ses envolées xénophobes et ses diatribes antieuropéennes. Devenu depuis les dernières élections l'arbitre du jeu politique polonais, il attendait patiemment les dividendes de son soutien aux frères Kaczynski.
Je pense que ce n'est pas une grande perte