Stéphane a écrit:
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> Concernant la France et la Pologne, la France ne
> devrait recevoir 38 milliards et non pas 40 comme
> annoncée.
>
> La Pologne sera le 4ème bénéficiaire avec une
> simulation portée à 37 milliards soit presque
> autant que la France alors que le coronavirus n'a
> pas fait de gros dégâts surtout par rapport à
> la France et aux autres pays.
Je ne sais pas d'où vous sortez vos chiffres sur ce que la Pologne recevra du plan de relance européen , mais ce n'est pas ce que dit la presse polonaise et ce que Morawiecki lui-même a annoncé devant le Parlement polonais ce matin. La Pologne annonce 70 milliards, se répartissant en 40 milliards de subventions (grosso modo le même montant que la France) et 30 milliards en prêts remboursables (alors qu'apparemment la France n'empruntera rien à la Banque Européenne).
Comme ces sommes viennent en sus des subventions habituelles prévues par le budget de l'UE, pour la Pologne, ce plan de relance européen est une chance inespérée de pouvoir régler plus rapidement que prévu son plus gros problème, à savoir la toujours cruelle insuffisance des infrastructures de transport dans la partie Est de son territoire. De plus, le gouvernement actuel espère sans doute que cela lui permettra d'engager réellement 2 projets dont il parle beaucoup depuis 4 ans, mais qui, en 4 ans, n'ont pas dépassé le stade de la belle parole :
- projet d'un Aéroport central grosso modo à mi-chemin entre Varsovie et Lodz d'où partiraient des lignes de TGV,
- projet du creusement d'un canal dans la péninsule de Hel qui permettait aux bateaux de plaisance de sortir du delta de la Vistule sur la Baltique sans passer par le seul lieu de sortie actuellement possible qui est contrôlé par la Russie.
> Le contrôle des subventions. Il y a bien un
> contrôle effectué par la commission, mais la
> commission n'a pas le droit de retirer des
> subventions.
Ce n'est pas sur décision de la Commission que les subventions et emprunts du plan de relance exceptionnel seraient éventuellement retirés, mais
sur décision de la majorité qualifiée du Conseil de l'Union Européenne pour raison d'absence de garanties suffisantes de l'indépendance des tribunaux hongrois et polonais, c'est-à-dire de non-respect de
l'Etat de droit. La question de l'Etat de droit reviendra donc sur le tapis de la Pologne et de la Hongrie, quoiqu'en disent Orban et Kaczynski, qui a pris la parle sur cette question dès hier, en jouant sur les mots pour sauver la face. Quant aux autres ténors du PiS, ils ont traduit en Polonais pour les Nuls en racontant que la décision reviendra au "Conseil de l'Europe où les décisions sont prises à l'unanimité".
(Pour précision de l'astuce, je rappelle que la Russie est également membre du Conseil de l'Europe , ce que l'électeur lambda du PiS ne sait sans doute pas
)
> Par exemple concernant la Pologne, le gros des
> aides va sur la transition énergétique et la
> décarbonisation de son industrie.
Concernant les projets relevant de la transition énergétique, il n'est question que de 3 milliards pour la Pologne. Et encore, ce n'est pas sûr, puisque la Pologne ne s'est pas engagée sur la décarbonisation à l'horizon 2050. Il ne s'agit donc que d'une
carotte pour essayer de la faire changer d'avis sur cette question ...
Je précise que je n'évoque ici que les points du plan de relance européen qui concernent la Pologne, car la presse française ne parle que de ce qui lui semble important du point de vue des grandes orientations dans un nouveau type de politique européenne.
C'est effectivement nouveau, car ce plan prévoit aussi de nouvelles sources de financement de la politique européenne par de nouveaux types d'impôts qui seront introduits dans tous les pays de l'Union Européenne. Normal, puisqu'il faudra bien rembourser d'ici 2050 des sommes qui seront avancées
en faisant tourner la planche à billets de la Banque Européenne au cours des 3 années à venir.
Et là, il faut reconnaître que Macron a réussi à réaliser une de ses grandes promesses électorales, en réussissant à lever le refus de l'Allemagne de recourir à une politique économique de type New Deal inventée par les USA vers 1930. C'est là et seulement là que la nécessité de résoudre les conséquences du COVID
dans certains pays a joué un rôle dans l'adoption d'un plan de relance de
toute l'économie européenne. Il se trouve donc aussi que la Pologne a été récompensée d'avoir pris de bonnes décisions dans la gestion de la pandémie en fermant ses frontières fin février. Et c'est tant mieux pour elle!