Re: Narodowiec ... souvenirs ...
Posté par:
jpaul (IP Loggée)
Date: 18 septembre, 2016 20:54
Pour moi, la rue Legendre est synonyme de "l'autre école polonaise" : pas celle où nous allions, Vendôme, Zoska et moi. Il apparaît que Zoska, mémoire vivante de ce pan de la Pologne w Paryzu, fréquenta allègrement l'une et l'autre ne faisant pas de jaloux. Structurée, immeuble, bureaux, bibliothéque et restaurant. Nous chez Pan Gorski, on se contentait du prêt d'une classe d’élèves de l'école communale laïque de la rue Vigée Lebrun, dans le 15ème. Et encore ! les bancs étaient encore chauds de la présence des gamins de CM1 ou CM2, libérant prestement les lieux à 16h30 dans une école se vidant avec une folle rapidité, avec l’odeur de la poussière de craie, et l’encre non encore sèchée sur les pupitres de bois et reprise en main du local à 17h par nos soins. Je pense que la Ville de Paris mettait cet emplacement à la disposition de l'organisme s'occupant de nous. Pan Gorski, notre prof, faisant son possible pour nous apprendre sa langue ( apprendre vraiment pour moi : révision pour Zoska ou Vendôme qui apprirent néanmoins, ainsi que moi-même, l'orthographe et l'écriture polonaise, même si je ne comprenais pas tout). Brave homme de Gorski, qui était en "concurrence" avec ceux de Legendre : plus nombreux, plus sûr d'eux et, qui les jours de, ce que nous appelions " la fête Polonaise » ou parents et amis venaient voir les progrès de leurs progénitures, récitant un poème, dansant une Mazurka, ou faisant la ronde des krasnoludki, sans oublier les rois mages, bien entendu. semblaient nous attendre au tournant.
Oui, petite structure, qui à tout casser, comportait 5 enfants le mercredi soir ( dont je faisais parti) et une dizaine le jeudi après-midi, jour de Vendôme et Zoska, mais qui s’en sortait pas mal, même JPaul ( le seul) qui n’a pas de nom polonais, mais qu’on s’évertuait à prononcer à la « polonaise », ce qui à le don de m’énerver. ( La réciproque doit-être vraie, n’empêche). Pan Gorski s’évertuant à nous en faire faire plus que les autres. C’et ainsi qu’une fois, je me retrouvais à faire une tirade en Polonais lors d’une seynette sur les 4 saisons de l’année. La saison que l’on m’avait refilée était le printemps et nos mamans devaient nous confectionner le costume-décor correspondant. Si quelqu’un a vu un gosse affublé d’une sorte de chasuble-robe sur laquelle on avait cousu des bandes papier crépon festonnée au ciseau de façon à ressembler à du gazon, ceci de la tête aux pieds, de couleur verte, parsemée de paquerettes du même papier : c’était JPaul. Après cela, rien ne pouvait m’arriver !
« Ma » rue Legendre, c'est aussi et surtout leur professeure de l’époque, à l'air sévère et pète-sec, au contraire de Pan Gorski, nonchalant, très patient, mais bon pédagogue, la preuve.
Chacun ses souvenirs.
On évoque aussi Danmarie les lys… et d’un seul coup : un flash, une déchirure temporelle et me revoilà dans la forêt de Fontainebleau. Seul rapport qu’a gardé mon esprit avec la communauté polonaise de cette ville. Oui, c’est bien dans ce coin-là, et la seule et unique fois pour moi .
Me voici dans cette forêt dont le sol est composé bizarrement de sable blanc, très fin, silicieux à souhait, pareil en structure aux sables de Stella-plage, sauf que là, on est au Sud de la région parisienne. Ce sable sert de tapis à d’immenses rochers en grés dont la nature a fait prendre des formes monstrueuses, ou bien creusées des grottes dont certaines, fermées au publics sont remplis de cristaux, résultat de l’antique mer s’y trouvant dans des époques antédiluviennes. Comme a Stella, des pins parasols, mais aussi des chênes se frayant un passage entre les énormes cailloux. Bon, est alors ! Un évenement important, sans doute, puisque je m’en rappelle, mais quoi , je ne sais plus. Des tentes américaines ( ou dites ainsi) sont dressées, le même genre que celles de la colo, mais pas pour y mettre de lits de camps à croisillons. Et pleins de gens qui discutent en polonais, que je ne comprend qu’à moitié. Des anciens en costumes militaires aussi. Bref, sans doute une commémoration. ( Je suppose que Zoska qui connait tout, nous en dira plus, j’amène déjà l’ambiance et le décor, et ce sentiment d’unité polonaise, en forêt parisienne). Les godasses sont pleines de sable et Krystyna doit peut-être se rappeler des promenades de ce côté de son enfance qu’elle évoquait dans ses souvenirs. Se souvient-elle de l’usine de « Saponite », qui était sensée faire du savon pour la lessive, le long du canal du Loing et dont les chariots remplis de sable passaient au dessus de celui-ci, comme des mini-téléphériques. Ce sable mélangé à des paillettes de savon, rendait le linge plus blanc que blanc, avant la célèbre pub, mais pas longtemps, usé.
La chose qui m’a vraiment marqué de ce jour mémorable, fut le fait que c’était la première fois que je voyais des canettes de bière, coca et autres boissons gazeuses, dans des boîtes ressemblant aux boîtes de conserves de petits pois de ma mère, mais en plus petits. «American’s » me dit-on, pendant que celles-ci flottaient, nageaient dans de grandes bassines remplies d’eau et de pains de glace pour les tenir au frais !
Et comment boire le contenu ? Il n’y avait pas de tirettes ( d’ailleurs, comment savoir qu’il aurait pu y avoir des tirettes, un jour ?). Alors les préposés à la buvette perçaient 2 trous sur le couvercle du dessus et une fois sur 2 une partie du liquide s’échappait, tel un mini-jeyser.
Mais pour moi, restera le mystère de cette réunion dans une clairière sablonneuse remplie de polonais buvant des bières dans des boîtes de conserve.