Re: Bande dessinée
Posté par:
jpaul (IP Loggée)
Date: 29 octobre, 2016 00:09
Cela fait plus de 3 mois que l’on a parlé de la BD de Gawron/Sowa : L’Insurrection et la parution du premier tome : « Avant l’orage ».
Mon ami Vendôme a eu la gentillesse de m’envoyer l’exemplaire qu’il venait de lire, et malgré le fait que j’ai eu le temps de le lire entre d’autres événements, ce n’est qu’aujourd’hui que je peux en donner quelques impressions :
Tout d’abord, il m’a fallu quelques temps pour comprendre la manière de fonctionner de la narration. En effet, au début le texte est mis dans ce qui n’est pas des bulles, mais uniquement des rectangles posés sur les images, où l’on voit les 2 personnages centraux de l’histoire ( un homme et une femme amoureux l’un de l’autre semble-t’il) et qui se parle sur fond de ruines dans Varsovie, avec zoom du dessinateur sur certains détails. On comprend que les 2 personnages « parlent « en se remémorant ce qui c’est passé avant ( en voix-off dirons-nous- et qui est visualisé par ces rectangles et une écriture en italique). De là, on passe dans la « vraie » vie d’avant où les personnages sont dans le décor quotidien de Varsovie en guerre et où ils parlent dans des bulles ordinaires de BD, écriture droite. Le dessinateur met en arrière plan des lieux que les varsoviens reconnaitront sans doute et où déambulent les 2 personnages, faisant des zooms rapprochés où l’on ne voit plus que les yeux où le visage , où bien en contre-plongé depuis un hypothétique étage d’immeuble. La jeune fille voulant présenter son nouvel ami à ses parents. On croise dans l’immeuble de style bourgeois varsovien une voisine et ensuite l’arrivée dans l’appartement cossu, les parents qui ont l’air de trouver cela banal et normal autour d’un thé. Le décor représente bien l’atmosphère et 4 pages de petites vignettes rien que pour sortir la bouteille de vodka réservée pour la grande occasion d’un futur mariage, en dialogue assez plat, bouteille qui sera sortit quand même. Scènes d’une vie courante en temps de guerre ne servant pas forcément l’intrigue.
Nous en sommes à la 17ème page et le le jeune homme doit prendre congé avant le couvre-feu. Effet zoom sur la pendule style Napoléon III , retour arrière sur vue du buffet bas sur lequel se trouve l’horloge et les bibelots ainsi que la grande glace biseautée dans laquelle on voit la mère et les tourtereaux, pressant le départ du jeune homme. Le détail et le plan visuel est assez original.
Départ du « fiancé » : une planche pour mettre son manteau et descendre l’escalier.
Retour en mode « rectangle » où la jeune fille se la raconte. Le dessinateur en profite pour ne mettre qu’une image remplissant la page et vidant l’encrier dans un effet de contre-jour ( ici de contre-nuit) d’une façade d’immeuble trouée de 3 fenêtres éclairées…
Enfin, je vais pas vous raconter l’histoire, mais ce ne sont que des instants de vie en temps de guerre, où par moment le dessinateur se fait plaisir, comme quand il représente des immeubles à colonnes en perspective, sur une place où se trouve un Christ en croix sur un piédestal et des passants …passant. Et comme on parle du dessinateur, je trouve les personnages mal dessinés fades et sans expression propre et disproportionnés dans un sens ou dans l’autre dans les décors, comme s’ils avaient été « rapporté » ensuite sur les images, et de ce fait ne sont pas fluides. Est-ce son style propre ?
L’histoire ,( l’intrigue), met du temps à se mettre en route, peuplée de mini-scènes dans des vignettes champ-contre-champ, zoom jusqu’à l’excès, ou éclatant sur une demi-page ou une page entière d’allégorie d’une peur d’un nazisme envahisseur.
Quelques scènes pathétiques, ruines, personnages ou petit à petit se profile la mise en place d’une résistance et toujours se genre de « voix-off écrite» racontant …en marge de l’intrigue.
Les polonais reconnaitront la tradition du smingus-dingus du lundi de Pâques où les jeunes gens s’arrosent avec de l’eau, mais qui ne dira rien de particulier à un lecteur autre, laissant croire à une apparente insouciance en période de guerre, malgré tout. Le dessinateur en fera une planche de seaux d’eau et de gens qui court en s’amusant…qui ne sont pas du meilleur effet, ( je parle des dessins).
Avant-dernière page, virant à la couleur après 60 pages, en noir, sépia, gris, nuages sombres et éclairages faibles, ruines et incendies jaune-orangé. Page bucolique de fleurs et de champs et forêt, vert, rouge, jaune, blanc où se tiennent les jeunes protagonistes de l’histoire. Le dessinateur ou le scénariste montrant ainsi une bouffée d’air pur, je pense, avant ce que nous dévoile « la voix off » , une fois que l’on a tourné la dernière page redevenue sombre et bi-color. C’est la fin du tomme 1.
Finalement, en 60 pages, il ne s’est pas passé grand-chose, si ce n’est qu’on est à Varsovie, que c’est la guerre, que ça grouille d’allemands nazis, que tout est sombre noir et que malgré tout la vie continue, sous entendant une résistance à venir, mais , (est-ce fait intentionnellement pour maintenir le lecteur dans une sorte d’angoisse latente ?) avec une lenteur et une platitude par moment. Ceci au niveau de l’intrigue du tomme 1.
Le graphisme avec le style particulier du dessinateur tente de rendre l’idée de l’auteur-scénariste, mais, finalement, rendre l’ensemble en couleur sépia, ramène à une idée de la guerre telle qu’on la conçoit dans un imaginaire que nous avons appris en regardant les films de cette époque qui, de par la technique de ce temps, ne pouvait être ,pour la plupart, qu’en noir et blanc, ou comme les photos jaunies qui nous restent. Ceci tendant à rendre la dernière guerre, comme un chose floue, réelle mais dans une vieille vitrine, alors que le vie y était exactement le même que maintenant, avec ses couleurs, ses saisons, son temps. La vie quoi !
Il reste indéniable qu’il en ressort une atmosphère qui nous amène, sans doute, et c’est fait pour çà , à attendre la suite de ce que l’on sait déjà, mais qui sera vu par un bout de lorgnette inhérent aux personnages.