A propos - entre autres choses - des stéréotypes nationaux et historiques germano-polonais : où il est notamment question du regard de l'autre, de l'historiographie romantique du XIXe siècle et des relations (souvent caricaturales, stéréotypales et fantasmées) entre peuples slaves (dont sont les Polonais) et populations germaniques (dont étaient les fameux Chevaliers teutoniques).

[www.taurillon.org]

Article très interessant.

2 points à ajoutter.

On parle de culture germanique, mais la Kultur comme nous la connaissons, est aussi une prédominance de la Prusse sur les autres états allemands, le modèle du Junker et de la monté en force de la Prusse est aussi l'oeuvre de Frederic I et II (le vieux Fritz).
Les bavarois, la Bade ont lutté longtemps contre l'aspiration centrale de Berlin, la domination séculaire Autrichienne cessant à la suite de Sadowa en 1866, les états allemand du sud, catholiques tombent alors dans la sphère prussienne, la vrai naissance de l'Allemagne se faisant alors au traité de paix de 1919 à Versailles. La victoire de 1683 de Jan Kazimierz sur les turcs voit une majorité de troupe sous son commandement de langue allemande.

Le troupier allemand ou grenadier poméranien (poméranie dérivé de pod morze), outil de la force prusienne au XIX et XX est bien souvent un polonais, même en 1914. A l'inverse le soldat polonais au XVI et XVII est bien souvent un allemand.

Très intéressantes remarques (notamment à propos de ce ''renversement'' des effectifs militaires de la Prusse et du Royaume de Pologne).

Remarques qui viennent singulièrement nuancer la vision simpliste et ''oppositionnelle'' des nationalistes qui font toujours combattre les peuples les uns contre les autres. Et non pas, comme ici, dans un cadre de relations contractuelles négociées entre individus (et ce : complètement indépendamment de leurs identités) : souvent les uns pour les autres.

A propos de la diversité allemande (et de son système fédéral) : [www.taurillon.org]

La mythologie historique d'un pays est souvent créé par la monté des nationalismes et la construction d'une identité nationale basé sur des evenements historiques utilisés et éclairés d'une certaine façon.

Par exemple, la Prusse "Ennemi héréditaire" de la France, par exemple en 1870 le parlement prussien refuse les budgets de guerre à Bismarck qui demarre sa guerre sur fond privé d'un groupe de banquier, le remboursement se fera sur les frais de défaite français.

La monté du nationalisme prussien se fera sur le renouveau de 1815 et la haine du français et de Napoléon, la Prusse fut écrasée par la France à d'Iéna et d'Auerstaedt.

Toutes les grandes figures prussiennes du renouveau (1815-1945) porteront les noms des héros de 1815, Blucher,Scharnhorst, Gneisenau.

La montée de la Prusse se faisant au détriment de la Pologne, le "Type" polonais est relegué et dénigré. La vengenace de la Prusse sur le type Slave (extansion de la lutte Prusso-Polonaise, à la lutte germano-slave) est la bataille de Tannenberg dans les Mazures non loin de Grunnwald.

Mais la "vérité" historique est toutefois un peu complexe, car un evenement historique est soumis comme toujours à des approches multi-facettes. Aussi les politiques ont vite fait de donner une vision simple à un ensemble d'élements complexes, imbriqués.

Un bon exemple est donné par le film Alexandre Nevski dont je ne résiste pas à donner ici l'extrait de Wikipedia.

Les autorités staliniennes qui ont quant même éliminé la noblesse russe n'hésite pas à faire appel à l'image d'un "tsar" pour un but de propagande.

"Le film est une commande des autorités staliniennes et est conçu à l'origine comme un film épique de propagande contre le nazisme : les chevaliers teutoniques et leur porte-glaives, envahisseurs du territoires russe, sont présentés avec des svastikas et des casques évoquant à ceux de la Wehrmacht contemporaine et évoquent clairement une menace. En septembre de la même année, soit 2 mois avant la sortie du film, les accords de Munich ont évité une guerre. De ce fait la lecture du film doit toujours se faire à deux niveaux : le XIIIe siècle épouse un contexte contemporain. Par cette page d’histoire, la Russie montre qu’elle est prête à se défendre face à un envahisseur quelconque mais déjà tout désigné.

Alexandre Nevski harangue le peuple à faire face à une double menace : les Mongols à l’est, les Teutons à l’ouest. Le Mongol est fourbe, le Teuton est un soldat sans pitié. Alexandre décide dans l’urgence de s'attaquer à l’homme de guerre, le fourbe patientera. La bravoure patriotique se mêle à des stéréotypes disséminés dans les deux camps : le lâche, le généreux, le brave, le sacrifié.

Les gros plans de visages d’Edouard Tissé, caractéristiques des films d'Eisenstein, accentuent la bravoure ou la traîtrise.

Eisenstein met ici en place le contrepoint audiovisuel : la musique de Prokofiev provoque des contrastes intéressants avec les images.

Le réalisateur a été très surveillé pour ce film et les acteurs sont des membres du Parti. De plus, le typage était interdit ainsi que le montage intellectuel. Mais le tour de force de ce film réside dans le fait que malgré la censure, le réalisateur a réussi a révolutionner son propre cinéma"

Tout à fait d'accord avec vous tant sur le fond de l'affaire qu'à propos des exemples cités.

Lectures complémentaires sur le même thème :

« Histoire et nationalisme : liaisons dangereuses » [www.taurillon.org]