Excellent résumé de la situation de la Pologne au XVIIIe siècle.
On peut voir que l'égoïsme personnel a pris le dessus sur les intérêts de l'Etat. Inutile de dire que ces nobles étaient tout à fait indifférents au bien de la Pologne en tant que pays indépendant.
Pourtant, lors de la période romantique (et encore après), on les a fait passer pour des héros de la lutte pour la
nation polonaise et son indépendance, notion qui leur était étrangère, comme d'ailleurs à tout le peuple.
Pour rappel, le "Sarmatisme" auquelle adhérait la majorité de la noblesse polonaise ainsi que celle d'origine lituanienne et ruthène qui avait adhéré à ce principe, impliquait une différence non seulement sociale mais aussi
raciale par rapport à la paysannerie qui leur était soumise.
Selon ce principe, les nobles descendaient des Sarmates, concept fumeux puisé dès le Moyen-Âge et surtout vers sa fin, quand 'on' se cherchait des ancêtres mentionnés dans les anciennes chroniques romaines ou grecques.
La population roturière n'était "que" des Slaves, qu'elle soit polonaise, ruthène ou lituanienne.
Celle-ci avait été soumise par ces Sarmates qui les dominaient par droit de conquête, selon la légende que la Szlachta s'était construite.
Cette différence raciale impliquait la présence d'un fossé particulièrement profond qui empêchait la noblesse de s'identifier avec les gens qui leur étaient soumis ainsi qu'avec leurs aspirations.
En retour, la population s'est toujours méfiée des nobles et a rarement suivit massivement les mouvements révolutionnaires du XIXe siècle. Ceci explique les échecs des révolutions de 1830 (nobles et bourgeois), 1846 (Kraków : noblesse "éclairée" et bourgeoisie), 1848 (Galicie : idem et fin du servage décidé unilatéralement par le gouverneur autrichien) et aussi de 1863 après que le tsar ait mis fin au servage sur les terres de l'Empire russe (à remarquer l'absence de poussée révolutionnaire sur les terres dépendant de l'Empire d'Autriche et de la Prusse).
Après 1863, les tentatives révolutionnaires se turent pendant une génération et ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que les habitants dans leur majorité commencèrent à prendre véritablement conscience de leur nationalité propre.
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