Je recherche la trace d’officiers polonais et belges dans le sud de la France en 1940.

Fin septembre, début octobre 1940 ils ont essayé de rejoindre, au large de Palavas-les-Flots (Hérault) un bateau qui devait les conduire probablement à Gibraltar.
Une vedette de surveillance les a interceptés. Certains ont réussi à s’échapper d’autres ont été arrêtés. Il semblerait qu’ils auraient été conduits en Allemagne via Lyon.

Ils avaient franchi la ligne de démarcation (je n’ai aucune indication du lieu de passage). Dix d’entre-eux visiblement ont été arrêtés au cours de ce passage. Quand ils se retrouvent à Palavas ils ne sont plus que quinze.

Visiblement une organisation d’évasion et un agent de liaison oeuvraient pour s’occuper de leur trouver un bateau pour fuir au plus vite car ils étaient traqués et ils redoutaient que leurs compagnons arrêtés aient parlés.

Je crois avoir lu que dans l’armée polonaise engagée en France à partir des accords de septembre 1939 les polonais ont eu tendance à s’intégrer à des formations belges. Est-ce que cela peut expliquer la présence conjointe des officiers belges et polonais ?

Peut-on penser que ces officiers, tout du moins pour les polonais sont des éléments de l’armée polonaise constituée en France ?

Peut-il y avoir eu des connexions avec le réseau polonais F2 ?

Est-ce que quelqu’un peut m’en dire plus ? M’apporter des éléments intéressants, des pistes de recherche ?

Connaît t-on des cas de passage par des Polonais et des Belges de la ligne de démarcation pour se diriger vers le sud de la France ?
Peut-on trouver des traces de ces passages et des arrestations dans les archives départementales des départements le long de la ligne de démarcation ?

Merci par avance à ceux qui pourront m’apporter des informations à ce sujet.

Bonjour,

..... Questionnaire passionnant, mais qui demande un livre pour y répondre clairement et avec précision (été 1940, les petits groupes organisés sont aussi variés qu'artisanaux) :
..... L'échec de Palavas-les flots en sept/oct 1940 :
- Je ne connais que l'échec de Port-Saint-Louis/Rhône.
- F2, je ne pense pas (Trop tôt).
- Plaque tournante : Marseille.
- Responsables évasions par mer PL et B : Jan Gaj et Albert François,
- Réseaux :"Szary Ludzi", branches "Visigoths" et "Waterfront"
- Séte : responsable Mme Poulitou.
- Les 2 chalutiers : Consulat du Panama (suivre la "Rascasse" et Maréchal)

..... Bonne chasse !

Cordialement !

PPZ bonjour et merci infiniment de vos éléments de réponse.

Il est certain qu'il y a eu tentative d'évasion par mer à Palavas.

j'ai tout regardé aux archives départementales mais je n'ai trouvé aucun rapport
de la police spéciale de Montpellier au préfet alors que j'ai pu lire plusieurs enquêtes relatives à des évasions par mer depuis Palavas et également par Sète (nombreuses forcément).

Aussi je m'étonne que la tentative d'évasion de 15 officiers n'apparaisse nulle part dans les archives de l'hérault. La surveillance était stricte. Les directives de la préfeture le prouvent.

je m'interroge sur le chemin qu'ils auraient suivi pour franchir la ligne de démarcation.

Il semble qu'ils avaient un agent et donc un contact à Montpellier qui aurait prévu le passage d'un bateau au large pour favoriser leur fuite. Cette personne avait visiblement des membres de sa famille parmi les officiers.


Les personnes arrêtées auraient été aperçues dans un train en direction de l'Allemagne via Lyon.

Effectivement je pense qu'en septembre, octobre 40 ce sont des petites filières en cours de formation. Je vais regarder du côté des informations que vous me donnez.

Encore merci de votre intérêt.

Cordialement à vous,

Pégase

Re-bonjour,

... Cet été 1940, c'est le général Kleeberg qui a reçu de Sikorski la responsabilité des évasions par mer sur la côte sud. En zone libre, travaillent ensemble l'officier polonais Jan Gaj, le sénateur belge Albert François depuis Marseille et Yves Maurois à Lyon. C'est Adam Krzew "Kapitan" qui sera chargé de l'achat des "transports", 26 bateaux de pêche jusqu'en novembre 1940, type gros "pointus", sans cabine, battant pavillon du Panama, pouvant embarquer une trentaine de clandestins. (a chaque alerte, ils se cachaient sous les lattes du pont principal). Je ne connais que deux photos de ces "transports". Le premier départ aura lieu le 27 juillet 1940 depuis La Ciotat pour Gibraltar. On y retrouvera toutes les nationalités, dont des Juifs allemands.
Dans le secteur de Séte, c'est Mme Poulitou qui était la responsable (citons également Robert Thibout) jusqu'à son arrestation à l'automne 1940 (Peut être une piste pour votre recherche sur l'échec de sept/oct car elle passera devant un tribunal militaire de Vichy et donc = archives). Elle sera finalement libérée et évacuée sur Gibraltar par mer. C'est un médecin (?), qui depuis un hôpital Hélio-marin (?) de Séte assurait les liaisons radio avec Gibraltar pour l'organisation des rendez-vous en haute mer avec les destroyers anglais et le transbordement des passagers.
A Montpellier, un contact : le major Fréres (?)

Tout ceçi avant la mise en route de "Combat"

Bonne continuation et tenez nous au courant de vos découvertes.

Cordialement

PPZ bonjour,


1
Je lis dans : [www.beskid.com]:

En mars 1940, A. Kawalkowski, ancien consul de Lille, réfugié en zone Sud [où ?], élabora un projet d'action coordonnée entre Londres et un groupe local (donc de Lille) d'officiers polonais démobilisés.
L'impossibilité d'évacuer toute l'armée polonaise reconstituée en France vers l'Angleterre, explique la présence en zone Sud d'un nombre important d'officiers, de sous-officiers et de soldats.
Ces hommes furent naturellement portés à la poursuite de la lutte, lorsqu'ils pouvaient échapper aux camps de travail du régime de Vichy ;

2
Vous dites : En zone libre…Yves Maurois à Lyon.

Je lis dans : [www.beskid.com]
-secteur Aviation implanté à Lyon: responsable ''Panhard'' (W.Krzyzanowski) avec comme spécialité le renseignement concernant l'aviation, les mouvements des divisions allemandes, et l'organisation des passages au travers de la ligne de démarcation.
Question : Y aurait-il un lien possible avec les officiers belges et polonais en question ?

3
Dans Archives départementales Hérault fond 2GM je lis :
[…] Je signale enfin que le 20 septembre (1940) courant, un certain M. Jean de Fleury, domicilié à Marseille, 183, route de la Corniche, s’est rendu acquéreur de deux bateaux de pêche, dans le port de Sète, à savoir :
La « Sainte Pauline » jaugeant 4 tonneaux 85, et la « Marie Jules » jaugeant 5 tonneaux 05.

Courrier du Commissariat Divisionnaire de Police Spéciale à Sète
Objet : vol de bateaux
A : Monsieur le Préfet de l’Hérault (Cabinet)
Courrier à en-tête du Ministère de l’Intérieur
Question : est-ce pour pêcher la sardine ou convoyer des fugitifs ?

4
Est-ce qu’un dénommé « Joaquim » – officier de liaison de l’armée polonaise - vous dit quelque chose ? Il aurait eu pour mission depuis Barcelone de faire passer une partie de l’armée polonaise en France.

5
Le réseau F2 ne prend cette dénomination qu’assez tard. N’est-il pas, même à l’état embryonnaire, en cours de constitution dès 40 ?

6
Vous faites allusion à « Visigoths » branche du réseau « Szary Ludzy ».
Quel est ce réseau « Szary Ludzy » ?

7
C’est quoi l’échec de Port saint Louis du Rhône ? Que veut dire : par mer PL et B ?

Merci de votre coopération et à bientôt

Pégase

Bonjour,

Cet épisode me rappelle celui de l'"affaire de la Bouline". La "Bouline", petit bateau battant pavillon belge, quitte le port de Marseille le 5 octobre 1940 et le même traitement, c'est-à-dire l'arrestation par la police de surveillance maritime. A son bord 22 passagers étrangers dont 6 militaires polonais, des apatrides allemands, et des Juifs de Belgique. Les militaires polonais avoueront alors vouloir se rendre à Gibraltar pour s'engager dans l'armée anglaise. Les 4 passagers israélites ont pu embarquer grâce à l'aide de Varian Fry, chargé par les USA de sauver les intellectuels juifs internés au camp des Milles près de Marseille. Une aide financière bienvenue puisque chaque passager du navire devait débourser entre 5000 et 10000 francs pour pouvoir embarquer. L'armateur belge de ce petit navire s'inscrivant ainsi dans le juteux trafic d'aide à l'émigration, il n'est donc pas question ici de résistance.
Cette affaire a produit de nombreux documents conservés aux archives départementales des Bouches-du-Rhône.

A monsieur Rzepala Laurent,

Bonjour,

Je ne vais pas souvent sur Beskid mais je viens d'y faire un tour et je lis votre message dont je vous remercie.

Effectivement cela pourrait ressembler à la tentative de Palavas les Flots mais dans des circonstances différentes et pas avec la même ampleur. C'est bien pour celà que je me suis intéressé, par défaut, à l'affaire du Bouline afin de comprendre ce qui pouvait administrativement parlant se passer quand la manoeuvre était déjouée et suivie d'arrestations et donc d'enquête.

J'ai donc vu les archives départementales des Bouches-du-Rhône il y a maintenant plus d'un an et j'ai synthétisé tout ce qui s'est passé dans un document avec la liste des "clandestins" et leur déclaration d'enquête. J'ai même retrouvé la fiche de Rollinger aux archives départementales de l'Ariège puisqu'il est passé ultérieurement par le camp des Septfonds, (Tarn et Garonne) le 5 avril 1941.

Si ce document vous intéresse je peux vous le communiquer.

Mais pour l'instant malgré des recherches minutieuses rien de tangible concernant la tentative de Palavas les Flots. Ce qui m'étonnera toujours...Pourquoi?.

Bien cordialement.

Bonjour,

J'ai étudié les documents de l'affaire de la Bouline dans le cadre d'un mémoire universitaire sur la présence des réfugiés polonais dans la région marseillaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Aux archives départemantales de l'Hérault certains documents sur la présence d'officiers ou réfugiés polonais peuvent être intéressants, mais je pense que vous avez dû étudier ces archives. Parmi eux quelques pistes (d'après la base de recherche Génériques, spécialisée dans les archives de l'histoire de l'immigration):

-[www.generiques.org]

-[www.generiques.org]

En ce qui concerne le passage de la ligne de démarcation, d'après les documents que j'ai étudié, la ville de Vierzon me semble d'une grande importance, peut-être faut-il chercher une trace de vos officiers dans les archives du Cher.

Avez-vous les noms des officiers polonais? En octobre 1940, les militaires polonais ont été démobilisés, certains ont ainsi rejoints les Groupement de Travailleurs Etrangers, peut-être figurent-ils dans ces listes.

Cordialement.

Rebonjour,

Merci de votre retour et de vos précieuses indications que je vais exploiter.

J'ai fait pas mal de départements sut la ligne de démarcation (Cher, Isère, Saône et Loire, Jura, Ain.) Mais je pense qu'il me faut remonter sur la zone interdite qui a été franchie.

Dans le Cher: un télégramme annoncant le passage de 500 officiers belges évadés de camp allemands pour tenter de regagner l'Angleterre!...

J'ai passé au peigne fin le fonds du cabinet du préfet aux archives départementales de l'Hérault. J'y ai trouvé deux ou trois tentatives de regagner l'Angleterre en volant quelque voiliers notamment par des jeunes hommes venant de belgique. 15 et 17 ans!

Une tentative réussie début octobre 1940 ( 4 individus vers 1h00 du matin aperçus par deux pêcheurs. Ils ont vu des éclats lumineux échangés entre l'embarcation et un bateau au large) exactement à la même période que celle qui m'intéresse. J'y ai trouvé tous les rapports d'enquêtes du commissaire spécial et au SHD dans les archives de la gendarmerie de l'Hérault les PV et enquêtes, plaintes des propriétaires des embarcations volées correspondants... C'est pour cela que je m'étonne de ne rien trouver sur ces officiers qui ont été pris par une vedette de surveillance de la gendarmerie. (Gendarmerie maritime sans doute).

Pourrions nous échanger nos mails personnels?

Bien cordialement