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Des Polanes aux Polonais 
Henri Michel - et un peu de lecture...
Posté par: ubik83 (IP Loggée)
Date: 19 août, 2015 06:58

Bonjour,

Vous le savez, je ne suis pas historien. Juste un romancier Français qui a eu l'idée saugrenue, il y a maintenant 7 ans, d'écrire un roman sur les Einsatzgruppen, se déroulant en Allemagne, puis en Pologne.

J'ai commencé à lire, sur vos conseils, "Les fenêtres d'or", d'Adolf Rudnicki. C'est vraiment très intéressant.

Et puis, je voulais parler du Henri Michel, "Et Varsovie fut détruite". Bon, je n'ai ni méthodologie ni pratique me permettant d'avoir une approche critique, sur le plan historique, et je ne sais pas ce que "vaut" cet ouvrage, de ce point de vue. Mais personnellement, je le trouve vraiment intéressant, car il ne se contente pas de traiter le sujet annoncé, l'insurrection de 1944.

En fait, il prend le temps de présenter la société Polonaise, d'un point de vue historique et culturel, avant la guerre. Puis il relate l'attaque de septembre 39, l'édification du ghetto, et j'y ai même trouvé toutes sortes d'anecdotes sur la mise en place progressive de la résistance, la "guerre des mots", les plaisanteries qu'on faisait pour dévaloriser l'Occupant, enfin, vraiment, je ne m'attendais pas à trouver tant de renseignements aussi précieux dans ce livre. Je sens qu'il va beaucoup m'aider. J'espère seulement qu'il se donnera la peine de préciser qui a fait quoi, que je puisse savoir quoi raconter concernant mes personnages - puisqu'ils appartiennent au Sicherheitsdienst.

En tous cas, je tenais à dire que ce livre vaut vraiment le coup, à mon sens, pour ceux qui s'intéressent à cette partie de l'histoire de Varsovie.

Après, pourquoi ce roman ? Ne me posez pas la question ! Je n'en sais rien. Des visions sont venues me hanter, tant et plus, et à la fin j'ai cédé, voilà tout. Mais je savais que je me lançais dans une entreprise douloureuse, complexe, sur un sujet encore "à vif", malgré les 70 ans écoulés. J'ai résisté tant que j'ai pu...

J'ignorais, par contre, que 7 ans plus tard, j'y serais encore en plein dedans.

Bon, j'ai fait le point de ce qui reste encore obscur pour moi, quoique je sois en train de développer des ruses pour ne pas vraiment traiter les points les plus difficiles. Ruses qui me permettraient à la fois d'éviter certains sujets, et aussi me donneraient une possibilité pratique pour que mon narrateur s'en sorte vivant. Eh oui, s'il meurt, pas de récit possible.

Et à propos de récit, comme vous avez eu la gentillesse de m'aider, et comme once again je ne dors pas cette nuit, je poste ici un petit extrait de ma prose. Si quoi que ce soit vous parait bancal, n'hésitez pas à me le signaler...

Je vous souhaite une intéressante lecture...



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... Deux ou trois jours après, il me demanda de l'accompagner. Cette fois-ci, la consigne était simple : tu es un ami, tu en dis le moins possible, tu observes et tu profites !
Nous remontâmes vers Zoliborz, et stoppâmes devant un immeuble à la façade recouverte de sculptures : cariatides et feuilles d'acanthe. La porte en verre martelé mesurait plus de trois mètres de haut. Le hall était en marbre. Nous prîmes une cabine d'ascenseur en acajou et cuivre.
Lorsque j'entrai dans l'appartement, je fus suffoqué de tout le luxe qui s'y trouvait. Meubles, tapis, statues, tableaux... Même les murs étaient magnifiques ! La tapisserie, de couleur verte, comportait des fils dorés. Une domestique nous mena dans un vaste salon, au centre duquel trônait une fontaine d'intérieur. Il y avait là un personnage en costume trois pièces, au fort accent étranger, un certain comte Ratchenko. Apparemment, Franz le connaissait bien. Ils se mirent à discuter. Je les écoutai distraitement. Un moment passa ainsi. Puis arrivèrent d'autres personnes. Je ne me souviens pas bien qui était là, mais j'eus la surprise de reconnaître un des gradés de Szucha. Je n'avais jamais eu affaire à lui, mais l'avais déjà croisé, au hasard des couloirs. SS Hauptscharführer, grand, maigre et chauve, strict, avec un monocle sur l'œil gauche. Là, en civil, détendu, il bavardait, un verre de vin Français à la main.
Enfin, nous vîmes arriver le propriétaire des lieux, que tout le monde nommait Alfred. C'était un homme ordinaire, de petite taille, passablement déplumé. Sa femme, corpulente, volubile, se faisait appeler Helena. Ils nous reçurent cordialement, et nous passâmes dans la salle à manger. La table, recouverte d'une nappe en lin, était brodée d'armoiries. Les couverts étaient en or, les assiettes de la plus fine porcelaine. On mangea des mets raffinés, servis par des domestiques en livrée. J'observais ces convives qui dégustaient ces plats, tout en plaisantant, comme les plus vieux amis du monde. Je m'ennuyais, mais la nourriture était excellente. Je tentais d'écouter les conversations, mais le plus souvent elles tournaient autour d'affaires, d'argent, et je n'y entendais rien. La soirée dura, s'éternisa. Les femmes restèrent entre elles, nous nous retrouvâmes au fumoir. Je sirotais de la liqueur, tandis qu'autour de moi l'atmosphère bleuissait. Franz distribuait des cigares. Je me laissais aller, doucement, l'estomac rempli.
En rentrant, Franz m'expliqua :
- Tu vois, ce type chez qui on était, "Alfred". Il brasse des millions. Il est en affaires avec la SS, la Wehrmacht, est-ce que je sais, encore... Crois-moi si tu veux, il est Juif ! Oui, parfaitement. Son vrai nom, c'est Aron Goldenberg. Il est notre principal fournisseur en tissus, mais il vend toutes sortes de marchandises. Il est en relation avec tous les grands industriels de Pologne, mais aussi en Hongrie, et dans d'autres pays alentour, même en Ukraine ! D'après ce que je sais, il a un comptoir en France et au Luxembourg. C'est un gros poisson, crois-moi. Il a des entrepôts immenses, à perte de vue, près de la gare de l'Est. C'est le roi du marché noir ici, à Varsovie. Il n'est pas le seul sur la place, mais c'est lui le plus important.
- Un Juif, tu dis ? Et on est en affaires avec lui ?
- Oui, mon petit. Il est intouchable. Quels que soient nos besoins, il a toujours ce qu'on cherche. Tu as vu SS Hauptscharführer, avec lui ? Ils sont amis, il est là pratiquement tous les soirs ! Ils vont ensemble à la chasse, qu'est-ce que tu crois ! Il le protège. Monsieur Alfred est sacré, il n'a pas déménagé en zone Juive, il ne figure sur aucun registre de recensement, il est au-dessus des lois !
- Que grand bien lui fasse. Et c'est pour ça que tu le fréquentes ?
- Pour l'argent, bien sûr. Je m'applique à devenir utile. Je sers d'intermédiaire dans pas mal de ventes. Je touche des commissions. Tu verras, d'ici une dizaine d'années, je serai riche, j'aurai des millions !
Je hochai la tête, le regard perdu parmi les lueurs floues de la ville. Franz avait-il enfin trouvé sa voie ?
En ce qui me concernait, j'étais SS, exilé en Pologne et fort occupé à massacrer des gens. Cette activité, à elle seule, suffisait à largement m'accaparer, me couper toute velléité d'initiative personnelle.


Quelques semaines après, Franz m'apprit que l'ancien garage, rue Pulawska, ne lui suffisait plus. Il avait besoin de plus de place. Il cherchait un lieu discret, qui pourrait accueillir de très gros volumes de marchandises. Il finit par dénicher un entrepôt vers Mokotow. Les locaux avaient appartenu à une entreprise Juive de textiles, Aryanisée. J'ignore comment mon ami avait réussi à mettre la main dessus, à l'issue de quelles négociations. Mais à présent il brassait un portefeuille d'affaires si important que ses responsabilités au sein de l'Einsatzkommando étaient visiblement passées à l'arrière-plan. Comme moi, il consommait beaucoup de Pervitine pour tenir le coup. En réalité il n'avait plus qu'une seule pensée, obsédante : s'enrichir, le plus possible. Et en attendant, jouir, sans retenue, selon toutes les modalités qui s'offriraient à lui. Le sexe et l'argent dominaient sa vie, s'affichant ouvertement.
Franz me faisait participer à certaines opérations ; j'avais donc été amené à revoir Wojtek et ses lieutenants. Mais pas question de fraterniser. Je gardais mes distances. Et j'avais nettement l'impression de ne servir à rien, d'être en trop.



Le 22 juin, la Wehrmacht passa à l'attaque. Cette fois-ci, c'en était fini des hypocrisies, des roucoulades avec Staline. Le Führer sortait les griffes ! Nous nous heurtions de plein fouet à l'Armée Rouge. On allait bien voir qui gagnerait, nous ou les sous-hommes slaves.
Au début, Franz et moi pensions que ce second front, contre les soviets, entraînerait des modifications dans notre vie. Mais force fut de constater que rien ne changeait, non. La politique globale s'infléchissait mais nous, dans notre quotidien... Je continuais d'abattre des gens, de les trimballer d'une prison à l'autre... Franz voyait ses différents commerces prospérer... Le soir, je jouais le dandy au 19 Nobrodowska. Invariablement, Franz me ramenait fin saoul. Et parfois, nous faisions des "coups". Souvent, même.
Je me sentais bien seul. J'avais pris l'habitude d'entretenir une sorte de monologue, plus ou moins décousu, et je me disais qu'il faudrait que j'achète des carnets, pour évacuer le trop-plein de mes pensées.
Ici, en Pologne, nous nous sentions "à l'arrière", c'était un sentiment unanime. Quelle que fût la teneur de nos missions quotidiennes, l'ouverture d'un second front faisait de nous des sortes de fonctionnaires. Eux, se battaient. Nous, on administrait.
Et moi, en l'occurrence, j'incarnais une instance répressive, ayant droit de vie et de mort.
La Pervitine gommait considérablement l'aspect macabre et répugnant de ma besogne. Ce produit, combiné à l'alcool, me mettait à distance, hors d'atteinte. Je ne me sentais que très indirectement concerné. Et c'était précisément cela dont j'avais le plus besoin.



Et puis, tout à coup, l'histoire accélérait. Le Japon attaqua par surprise l'Amérique à Pearl Harbor. Par solidarité avec nos alliés, notre Führer déclara la guerre aux Américains. Il me sembla, personnellement, que le jeu devenait trop compliqué. Nous n'en avions pas encore fini avec "Ivan", depuis des mois l'offensive en direction de Moscou avait été stoppée par l'hiver, la Wehrmacht ayant arrêté sa progression à moins de soixante kilomètres de la capitale Rouge. N'étions-nous pas trop gourmands ? Jusqu'à présent Hitler avait eu des intuitions géniales, tout le monde le vantait comme un stratège hors pair. N'empêche, l'invasion de l'Angleterre avait tourné court. Maintenant, Moscou se dérobait et les Yankees entraient dans la danse.
Evidemment, je ne fis part à personne de ces idées, que beaucoup auraient trouvées subversives. Il faut dire aussi que ce n'étaient que les vagues opinions d'un SS alcoolique, passablement déprimé et désabusé. En réalité, je finissais par ne plus m'intéresser ni à la guerre ni à la politique. Je n'attendais que le moment où Franz, lassé d'amasser de l'argent, déciderait de rentrer enfin à Detmold.



Les mois passaient. Peu à peu, je devenais une espèce de brute indifférente, assommée d'alcool et de Pervitine. J'avais perdu toute notion du temps. Je me disais que j'allais stagner en Pologne jusqu'à la fin de mes jours, témoin ébahi d'une guerre qui ne s'arrêterait jamais.

Nous étions au mois de mai. La perspective d'affronter un nouvel été me rendait malade à l'avance. Une fois de plus, je stagnais au bar du bordel, tandis qu'à l'étage, Franz donnait libre cours à ses instincts. Englué dans cette stase, je fixais stupidement le cendrier devant moi, regorgeant de mégots. Et là, sur ma droite, je vis entrer le haut gradé que mon ami fréquentait, celui qui était étroitement lié aux affaires de "monsieur Alfred". Franz m'avait appris qu'en fait, il s'agissait du SS Hauptscharführer Paul Skibbe, un des adjoints du Sturmbannführer Walther Stamm, chef de la Gestapo à Varsovie. Je me sentais comme une petite sardine face à ce grand requin blanc. Je me redressai maladroitement, mais il me fit un vague sourire, un signe désinvolte de la main, et m'offrit une cigarette.
- Votre ami Willerts est ici, lui aussi ?
- A l'étage, mein Hauptscharführer.
- Laissez tomber les formalités. Et vous, vous ne montez pas ?
Je haussai les épaules, mais ne trouvai rien à dire. Il faut dire que l'alcool ne m'aidait guère à rassembler mes idées.
- Vous n'avez pas le cœur à la fête, n'est-ce pas ? Je vous avoue que moi non plus. Je suis venu là par désœuvrement. Vous êtes au courant de la nouvelle ?
- ...
- Reinhardt Heydrich a été assassiné. Par des partisans tchèques.
Je dois avouer que ça me laissait indifférent. Mais je me forçai à émettre quelque commentaire contrit. Skibbe se lança dans une diatribe sourde contre ces saletés de sous-hommes qui ne respectaient rien, incapables de comprendre la supériorité du Reich, et qu'il faudrait, tôt ou tard, obliger à ramper. Les coupables ont été punis, martelait-il. Je l'écoutais poliment, impatient de me retrouver seul et pouvoir me saouler tranquille. Une petite part de moi s'agitait, tentait vainement de calculer. Skibbe fréquentait des cercles fortunés, ce qui me donnait une opportunité de nouer des liens certainement avantageux. Ne pourrais-je pas, à mon tour, m'enrichir, profiter de cette rencontre ? Mais cette spéculation fit long feu : je n'avais pas le sens de affaires et depuis le temps que Franz tentait de m'intéresser aux siennes, j'y étais résolument réfractaire. Les mécanismes les plus élémentaires m'échappaient, je trouvais ça tordu, incompréhensible. Aussi me bornai-je à hocher la tête, et à distribuer quelques phrases de bon aloi, typiquement National-socialistes. Skibbe but deux verres de schnaps, puis il finit par se lasser et prit congé.
Après son départ, je descendis les trois quarts d'une bouteille de Slivovitz.



Fin juin, la Wehrmacht reprit son offensive en territoire Russe. A cette occasion, j'appris qu'Oskar, ayant terminé ses classes, participait aux opérations à l'Est. Je me souviens avoir pensé alors : pourvu que cet abruti n'en retourne pas avec une médaille ! Il est déjà obséquieux, raide comme un passe-lacet... Quant à Ida, fière et orgueilleuse... Si ce crétin mollasson revient décoré, elle ne va pas s'arranger !


Quelque temps après commença une vaste opération de nettoyage. Nous fûmes chargés de rapatrier tous les prisonniers Juifs dans le ghetto. Nous allions à Pawiak, à Rakowieka, et là, on vidait littéralement les cellules. Il n'est pas exagéré de dire que je passais mes journées en camion. Tous les groupes, Willerts, Kreisler, von Altmann et les autres, ne faisaient que tourner ainsi, du matin au soir. Nous avions nos listes, à mesure on cochait les noms. C'était, encore une fois, du travail à la chaîne.
Cette cargaison humaine, souvent dans un état pitoyable, se retrouvait déchargée à Gesia, la prison sise à l'angle des rues Gesia et Opokowa. C'était un établissement qui, au départ, avait été conçu pour accueillir, je dirais, en gros, trois cents personnes. Mais on tassait nos clients de telle façon qu'à mon avis, il y en avait plus du triple. Certaines cellules étaient si bondées que les gens ne pouvaient ni s'allonger, ni même s'asseoir. Quand on entrait dans les couloirs, on était pris à la gorge par l'odeur et le manque d'oxygène. Je me souviens de ces lieux où une minuscule lucarne, haut perchée, dispensait un insignifiant filet d'air. Les types, le visage cyanosé, suffoquaient, mouraient lentement, intoxiqués au dioxyde de carbone. C'était, finalement, une forme de supplice assez cruelle et les gardiens m'avaient dit que les cas de pendaisons, les rixes, étaient assez courants. De brutales et brèves explosions de violence, que la fatigue stoppait aussi brusquement qu'elles avaient commencé. Certains détenus s'en prenaient parfois à un autre, l'étranglaient, et le mort restait là, debout, maintenu par la pression des corps amassés alentour. Parfois il y avait plusieurs décès, et les matons évacuaient une dizaine de cadavres ensanglantés à la fois, qu'il fallait aller récupérer au sein de cette masse humaine, compacte et puante. Alors on faisait sortir les détenus dans l'étroite coursive, tous plaqués contre le mur, pendant que ceux de corvée tiraient les tués par les pieds. Franz m'avait dit, en repartant une fois, que c'était comme L'enfer, de Dante. J'avoue n'avoir pas lu cet auteur. Mais un jour, en discutant après une journée d'août assez éprouvante, je lui demandai ce qu'il pensait de tout ça, dans quel but ? Nous étions dehors, à moitié trempés de sueur, et je m'en souviens encore, il s'était appuyé contre l'aile de la voiture. Il avait gratté une allumette sur le capot et, tirant une première bouffée, avait fini par me dire :
- A mon avis, Himmler a envoyé des instructions. Je ne sais pas dans le détail, mais je parierais que tout ça n'est qu'une étape.
- Ah bon ? Et vers quoi ?
- La destruction totale des Juifs de Varsovie.
Sur le coup, ça m'avait paru peu probable. Mais les rafles continuaient, tant et plus. On faisait irruption dans le ghetto, on attrapait tous ceux qu'on pouvait, sans distinction ni d'âge ni sexe, et on les emmenait à l'Umschlagplatz, où ils étaient jetés dans des trains, pour l'Est. D'après Franz, très probablement envoyés en KZ. Et puis, des rumeurs disaient qu'en Biélorussie, des Juifs s'étaient révoltés. Qui aurait cru ça d'eux ? La situation d'ensemble était donc si grave ? Après tout, il pouvait tout à fait exister un plan global visant à les exterminer. J'aurais été mal placé pour le contester.
Et, de fait, les chasses au Juif s'intensifièrent. Tous les jours, des convois quittaient Varsovie pour une destination inconnue. Les gens étaient bourrés dans des wagons à bestiaux ; hommes, femmes, enfants, vieillards... Nous étions récompensés : chaque jour, le groupe qui avait fait le plus de captures touchait une prime.
Combien de monde avons-nous envoyé à la mort ? Je serais incapable de l'estimer.
Elle était partout. Depuis le décès de Mutti, je la sentais, omniprésente, elle rôdait. Je ne percevais plus la vie que comme son antichambre. Un court prélude à l'éternité. Une dérisoire agitation, d'autant plus obscène et stupide qu'elle était suivie d'une totale immobilité. Chacun de nous tentait, durant la brève période qui lui était allouée, de faire quelque chose de cohérent. Il agissait, à son petit niveau, sur le Monde. Mais dès sa disparition, d'autres venaient, qui effaçaient toute trace de son action, pour à leur tour tenter leur chance, en pure perte. C'était comme les vagues, sur le sable d'une plage, où il était impossible d'écrire quoi que ce soit de pérenne.


... to be concluded...

Re: Henri Michel - et un peu de lecture...
Posté par: ubik83 (IP Loggée)
Date: 19 août, 2015 07:14

P.S. : si vous avez la gentillesse de vous pencher sur la question, je voudrais bien savoir comment je dois présenter Natalia Pawlikowna, cette intellectuelle que Wolfgang va rencontrer, et tenter de protéger. J'ai mis, dans "Appel à participation", des questions concernant la façon dont elle est censée être habillée.
A vous de voir... Et merci.



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