Les Polonais enrôlés dans l?armée allemande.
Posté par:
jk (IP Loggée)
Date: 02 septembre, 2004 17:08
D?après tous les témoignages, il est hors de doute que des Polonais ont été enrôlé de force dans l?armée allemande, par différents moyens de pression, et ceux qui essayaient de se soustraire risquaient la mort. Ceci dit, certains se sont soumis, plus ou moins de bon gré, et nul ne peut leur jeter la pierre, ce n?était pas de la collaboration, mais de l?opportunisme, tout le monde ne peut-être un héros, et pas forcément collabos.
Une petite anecdote vécue :
en mai 40, nous avons été évacué des Ardennes (plus ou moins de force, l?ordre d?évacuation était accompagnée de menace d?être fusillé comme espion pour ceux qui ne voulaient pas partir). L?employeur de mon père, propriétaire d?usines à Nouzonville et à Rueil-Malmaison, nous a donnés comme consigne de rejoindre cette ville.
En juin, à l?approche des troupes allemandes, nouvel exil en direction des Deux-Sèvres, département de repli pour celui des Ardennes. A nouveau sur les routes, à pieds, marche forcée pour échapper à l?avance ennemie. Nous avons quand même été rattrapés à Bonneval, ou nous nous sommes camouflés dans une grange pendant les premiers combats. L?avance rapide des troupes nous a laissés perplexes, que faire ? Nous avons donc décidé de revenir à Rueil dans un premier temps. Le plus jeune de mes frères, (6 ans à l?époque), présentaient des écorchures aux pieds et pleurait lorsque nous avons croisé un groupe de soldats allemands. Ils se sont arrêtés et ont demandé, dans un français correct, s?il avait faim et pourquoi il pleurait. Ils sont allés chercher le médecin du groupe.
Les parents nous avaient donnés comme consigne de ne pas parler polonais, de crainte de mauvais traitement. Alors qu?à la maison, nous parlions polonais, eux-mêmes nous parlaient en français mais avec un énorme accent polonais,.
Au bout de quelques minutes, tout en soignant mon frère, le médecin nous a adressé la parole en polonais, nous questionnant sur les raisons de notre fuite. La trouille au ventre, nous avons expliqué la situation et les craintes des français. Il nous a expliqué qu?en France, nous ne risquions rien, mais qu?en Pologne, les soldats avaient été assez féroces avec la population civile, qu?il était originaire de Silésie, que c?était les brimades et les menaces ou l?incorporation dans l?armée allemande. Comme selon lui, c?était la seule solution pour vivre en exerçant son métier, et que la guerre était perdue pour les opposants, il a pris cette décision, même si son c?ur restait polonais. Après avoir donné des médicaments pour chacun de nous qui étions assez épuisés, et de la nourriture, il nous a souhaité « bonne route », nous disant que nous avions de la chance de n?être pas en Pologne.
Nous avons continué notre marche vers le nord, les troupes ont continué vers le sud, et j?ignore ce qu?est devenu cet homme.