Entre Tel Aviv et Varsovie, rien ne va plus
Posté par:
Bleble (IP Loggée)
Date: 12 juillet, 2007 13:34
Article payant de Courrier International, que je recopie ici:
POLOGNE • Entre Tel Aviv et Varsovie, rien ne va plus
Mises en garde croisées des ambassadeurs des deux pays, déclarations de ministres, articles de presse… Le torchon brûle entre Varsovie et Tel-Aviv depuis la publication, le 10 mai, par l’hebdomadaire Przekrój, d’une enquête dénonçant le comportement de jeunes Israéliens envoyés visiter Auschwitz et d’autres lieux de mémoire de la Shoah. Chambres d’hôtel saccagées, personnel polonais insulté et, surtout, mesures de sécurité draconiennes (les lycéens voyagent sous la protection de gardes israéliens armés) qui ont fait l’objet de plaintes de plusieurs citoyens polonais qui se sont vu maltraités, fouillés ou violemment écartés de la présence des jeunes Israéliens… L’article, signé par la journaliste Anna Szulc, rapporte plusieurs témoignages – la plupart anonymes – de propriétaires d’hôtels et de leur personnel ou de simples passants qui s’indignent du comportement des lycéens israéliens et de leurs gardes. Un tapis brûlé, une hôtesse de l’air giflée et, surtout, des contrôles parfois rudes et humiliants effectués par les gardes du corps israéliens. Przekrój donne également la parole à un responsable de l’ambassade israélienne de Varsovie, qui regrette les incidents tout en expliquant la nécessité, d’un point de vue israélien, de s’entourer de telles mesures de sécurité lorsque des adolescents voyagent à l’étranger. Des responsables de la communauté juive polonaise regrettent les conditions de ce genre de voyages scolaires, au cours desquels les jeunes Israéliens n’ont aucun contact avec les Polonais. Dans cette ambiance, ils auraient tendance à confondre “victimes et bourreaux” et, plus généralement, à se comporter comme en pays “ennemi”.
“Les relations entre la Pologne et Israël sont en danger”, a averti David Peleg, l’ambassadeur israélien à Varsovie, cité par le Jerusalem Post. Ce quotidien israélien a également interviewé son homologue polonaise, Agnieszka Magdziak-Miszewska, qui explique le comportement de certains jeunes Israéliens par leur “incapacité à canaliser leurs sentiments” lors de ce genre de visites émotionnellement très chargées. Elle espère également que les services de sécurité polonais et israéliens arriveront à collaborer pour mieux encadrer ces voyages. “Les Israéliens sont persuadés que la Pologne est un pays antisémite ou anti-israélien, et exigent pour leurs enfants une protection spéciale. Mais la Pologne n’est pas la bande de Gaza, Jénine ou Naplouse”, poursuit-elle. Ils sont près de 30 000 jeunes Israéliens à visiter chaque année la Pologne, où ils effectuent un pèlerinage dans différents camps de concentration (dont Auschwitz). Un voyage ponctué par la “marche des vivants”.
Pour les organisateurs israéliens, telle Yuli Amir, la ministre de l’Education, ces jeunes ne viennent pas visiter la Pologne mais vont essentiellement à la découverte de leur histoire familiale et, partant, de leur identité juive. “Ces voyages se résument à visiter des lieux de la Shoah“, explique Ilona Dworak-Cousin, présidente de l’Association d’amitié israélo-polonaise. “Dans cette perspective, la Pologne n’est qu’un grand cimetière juif.” La plupart des responsables israéliens, cités par la presse polonaise et israélienne, semblent néanmoins prendre très au sérieux cette affaire et s’engagent à faire toute la lumière sur les incidents rapportés par Przekrój et en punir les responsables. Shmuel Abuav, directeur général au ministère de l’Education israélien a, lui, mis en doute la “crédibilité” de l’enquête de Przekrój. Dans le texte polonais, Anna Szulc traite notamment les gardes israéliens de “bourreaux” (oprawcy) et fait référence à un document distribué il y a encore quelques années par les organisateurs aux lycéens qui font le voyage d’Auschwitz, sorte de mise en garde générale : “Nous serons entourés de Polonais. Et nous allons les haïr pour ce qu’ils ont fait par le passé.”
Y a pas à dire, ça fait froid dans le dos.
