La corruption et la politisation des médias (mais aussi de la justice) en Pologne sont un fait, tout le monde le sait , il ne s’agit donc pas de se demander s’il ne fallait rien changer (car la situation était devenue intenable, la population ayant compris que les médias publics mainstream étaient devenus de purs médias de propagande), mais plutôt de se demander si le projet de Droit et Justice (PiS) soutenu par Kukiz’15 est le bon, et s’il permettra de ne pas tomber dans les excès de la situation précédente pseudo-démocratique qui existait sous les libéraux de Plate-forme Civique (PO).
Le gouvernement sortant, ses alliés et les ex-communistes se cacheront toujours derrière « la menace à la démocratie » ou la « défense de la liberté d’expression » pour que rien ne change et que leurs intérêts soient sauvegardés, mais dans ce débat qui inclut le monde des affaires et les services d’État communistes hérités de 1989 et reconvertis dans le capitalisme, il faut savoir faire abstraction de la manipulation politico-médiatique pour se faire sa propre opinion sur le sujet, quelques soient les affinités politiques de chacun.
ET CE D'AUTANT PLUS QUE CE N'EST QU'UN DEBUT, CAR UN SECOND PROJET EST NECESSAIRE: LES MEDIAS PRIVES
Restreindre l’influence étrangère (surtout allemande) sur la Télévision, la presse, la radio, les sites internet semble aujourd’hui indispensable, à l’heure où 92% de la presse régionale est aux mains des étrangers, 40% de la radio ou encore 100% des principaux portails polonais d’information internet .
Une telle situation aurait été inacceptable en France. Pourquoi les Polonais devraient-ils l’accepter ? Limiter à 25% la part de marché pour un media donné aux mains de groupes médiatiques étrangers est l’une des idées avancées par les politiques Droit et Justice (PiS) et Kukiz’15.
LE ROLE DE GAZETA WYBORCZA, FOURNISSEURS D'INFORMATIONS PARTIELLES, PARTIALES ET POLITISES A LA PRESSE FRANCOPHONE ET OCCIDENTALE
Autre point important : la presse française et occidentale prend quasiment toujours pour référence "Gazeta Wyborcza" et ses journalistes pour juger de la situation en Pologne. Or, l’avis de ce journal ne saurait être celui de la majorité de la population polonaise, et ce pour plusieurs raisons :
1) Gazeta Wyborcza se réclame de Solidarność en Occident, son rédacteur en chef Adam Michnik se présentant à Paris ou à Londres comme "un symbole de Solidarność et de la liberté de la presse". Or, depuis 1990, le syndicat Solidarność ne soutient pas Gazeta Wyborcza, ayant exigé que Gazeta Wyborcza ôte le slogan du syndicat de sa première page.
2) Gazeta Wyborcza est un journal de centre-gauche à l’heure ou aucun député ni aucun sénateur de gauche n’a été élu ni à la Diète, ni au Sénat . Donc son opinion est minoritaire au sein de la population.
3) Malgré sa ligne éditoriale de gauche, Gazeta Wyborcza soutient depuis 2007 officiellement les libéraux de la Plate-forme Civique (PO) (et donc par extension ceux de Nowoczesna, nouveau parti politique apparu depuis peu et proche de PO). Ainsi, la voix de Gazeta Wyborcza n’est pas celle d’un journal "apolitique" avec une simple affinité politique éditoriale . C’est réellement devenu une arme de propagande pour les libéraux, y compris les ex-communistes reconvertis dans les affaires.
4) Gazeta Wyborcza devrait être le principal perdant de ces indispensables réformes des médias, d’où sa lutte acharnée car il s'agit tout simplement de sa survie.
CONNIVENCES ET CORRUPTION ENTRE GAZETA WYBORCZA ET PLATEFORME CIVIQUE (PO)
Il y a quelques années, il se vendait à 700 000 exemplaires par jour, à partir de la mi-2015, ses ventes sont descendues à 160 000 exemplaires par jour, soit 4 fois moins. Les lecteurs avaient remarqué que les liens trop proches entre le journal, le gouvernement sortant et les anciens communistes dépassaient largement la simple sympathie éditoriale . Pour preuve : en échange du soutien de Gazeta Wyborcza, la Plate-forme Civique (PO) lui avait garanti 2 sources de revenus en quasi-monopole, ce qu'avait révélé la fameuse "Affaire des Ecoutes" de 2014 ("Afera Tasmowa"), qui avait force des membres du gouvernement de démissionner sous la pression populaire (dont Radek Sikorski, le ministre des Affaires Étrangères).
Premièrement, les abonnements de presse des institutions d’État allaient systématiquement à Gazeta Wyborcza (ce qui expliquaient une partie des 160 000 exemplaires vendus mi-2015)
Deuxièmement, alors que ses ventes s’effondraient, Gazeta Wyborcza a eu grâce à la Plate-forme Civique (PO) un quasi-monopole en Pologne concernant les pages de publicité des grandes sociétés d’État dans la presse, ce qui lui permettait d’exister.
C’est aussi pour éviter ce genre de dérives qu’une partie de l’opposition non-liée au précédent régime soutient le parti Droit et Justice (PiS) dans ses réformes. Quand on lit la presse française, on a l’impression qu’il y a un rejet massif en Pologne de ces réformes, ce qui est faux. C’est la couverture médiatique occidentale qui est disproportionnée, partielle et partiale . Pendant les 5 dernières années, il y avait des manifestations fréquentes contre le gouvernement précédent dont personne à l’Ouest curieusement ne parlait.
4 ELEMENTS A GARDER A L'ESPRIT QUAND ON LIT UN ARTICLE PORTANT SUR LA POLOGNE DANS LA PRESSE ETRANGERE
1) Le rôle des lobbies des conglomérats médiatiques étrangers qui ont peur de perdre des parts de marché avec les réformes de "polonisation" des médias, et donc de perdre de l’argent. Rappelons ainsi que le fameux reportage de Canal + d'il y a quelques jours ( [
www.canalplus.fr] ), n'est pas aussi desinteresse de la part du groupe Canal + qu'on voudrait le croire: Canal + il y a encore quelques mois etait l'un des proprietaires principaux de TVN, la plus grande TV privee de Pologne, ouvertement pro PO. Sans compte qu'encore aujourd'hui, TVN pour sa part detient 32% de NC+, la plateforme numerique payant de Canal + Pologne... A l'heure de la reforme des medias, on comprend que cela puisse a terme toucher juridiquement et financierement Canal + egalement.
2) Le rôle des alliés de Gazeta Wyborcza, journal qui a signé un accord en 2012 avec notamment Le Monde, Le Courrier International, The Guardian, El Pais, Suddeutsche Zeitung et La Stampa. Pour faire face à la crise de la presse, ces journaux ont mis en commun leur moyen de rédaction pour limiter les coûts sur certains dossiers. Ainsi systématiquement, lorsqu’on parle de la "Pologne", ces journaux demandent à Gazeta Wyborcza de donner son avis, qui comme on l’a démontré est intéressé et politisé.
3) Le rôle de propagande d’Anne Applebaum, l’une des plus célèbres journalistes de CNN, et actuelle femme de Radoslaw Sikorski, l’ancien ministre des affaires étrangères de la Plate-forme Civique (PO), qui est d’ailleurs tombé suite à l’affaire des écoutes et qui a des comptes personnels à régler vis à vis des médias polonais et cherche à privilégier les médias étrangers.
4) Chez les journalistes étrangers y compris l’AFP à Varsovie, une méconnaissance totale de la scène politique polonaise, mais aussi et surtout de l’histoire récente du pays depuis 1989 qui ne leur permet pas de comprendre pourquoi la majorité de la population (et surtout des jeunes !) a souhaité le changement en votant massivement PiS, Kukiz, KORWiN ou Partia Razem.
QUANT UNE OLIGARCHIE ESSAIE DE RENVERSER UN GOUVERNEMENT DEMOCRATIQUEMENT ELU:
Aujourd’hui, on a une caste de bénéficiaires des changements post-communistes qui a du mal à accepter sa défaite aux élections (présidentielles et législatives), et qui lutte sous couvert de "protection de la démocratie" pour ses propres intérêts.
Ainsi, la création de toute pièce du mouvement Komitet Ochrony Demokracji (KOD), soutenus par les groupes d’intérêt de la Plate-forme Civique (PO), Nowoczesna et les anciens communistes, est destinée à avoir par la rue ce qu’ils n’ont pas pu avoir de nouveau par les urnes : autrement dit, le pouvoir.
L’objectif est de créer un climat de peur, renforcé par la pression médiatique mainstream qui est à leur service, pour mener de part ces marches de manifestants (souvent sincères et apolitiques dans leur démarche) à des élections anticipées leur permettant de revenir au pouvoir le plus vite possible....
... et ce alors même qu’aujourd’hui, les responsables de cette oligarchie risquent non seulement de perdre de l’argent à travers leurs différents business, mais également tout simplement d’atterrir en prison, suite à tous les scandales financiers et politiques pour lesquels ils ont été étonnamment épargnés par la justice ces dernières années..
En résumé : des reformes sont nécessaires, on ne sait pas si Droit et Justice (PiS) est le bon acteur pour les mettre à bien, le peuple polonais leur laisse une chance d’autant plus que les partis d’opposition qu’on ne saurait qualifier d’antidémocratiques tel que Kukiz’15 le soutiennent.
UNE GUERRE MEDIATIQUE INEGALE ENTRE LA PRESSE LIBRE POLONAISE ET LES INTERETS DE L'OLIGARCHIE
L’oligarchie visée compte sur la diabolisation via les médias étrangers et les institutions de l'UE pour revenir aux affaires le plus vite possible (cette fois sous l’étiquette "Nowoczesna" dirigée par le libéral Petru, la réputation de la Plate-forme Civique (PO) étant grillée),
Par contre des partis comme celui de PiS, Kukiz ou Korwin n’ont aucun relais médiatique mainstream à l’internationale.
À supposer que l’establishment les laisse aboutir, ce qui est mal parti vu que mêm les autorités européennes veulent à tout prix faire barrage :
- soit les réformes de Droit et Justice (PiS) seront justes et les responsables politiques de ce parti seront réélus,
- soit Droit et Justice fera la même chose que Plate-forme Civique (PO) ces dernières années et recréera des médias mainstream à sa solde, et dans ce cas il sera sanctionné, les Polonais n’étant pas des idiots.