Ayant remarque que les journalistes francais sont tres partiels et partiales dans la couverture des fameuses "Marches pour la Defense de la Democratie" en Pologne, je me permets ici de donner ici quelques points qu'ils devraient a mon sens integrer plus souvent dans leurs reflexions:
1) Ces journalistes pourraient au moins avoir l’honnêteté de préciser que toutes ces réformes faisaient partie du programme pour lequel PiS a été élu démocratiquement , et donc qu’il est normal qu’il réponde aux attentes de ses électeurs, sinon à quoi sert de voter ou d’avoir un programme ? L’alternative satisfaisante pour les médias français serait visiblement que PiS ne respecte pas les promesses faites aux électeurs qui lui ont donné la majorité absolue à la Diète et au Sénat.. Quelques soient les affinités politiques de chacun, est-ce cela l’idée qu’on doit se faire d’une démocratie représentative ?
2) Ces journalistes devraient aussi avoir l’honnêteté de préciser que ces marches sont organisées par un "mouvement citoyen" tout sauf apolitique, ayant été créé de toute pièce par les dirigeants des libéraux de PO, Nowoczesna, avec leurs allies de gauche ex-communistes (SLD), autrement dit les perdants des dernières élections mais aussi les principaux bénéficiaires de la transition post-1989. Pour les organisateurs (je ne parle pas des simples citoyens participant à ces marches dont je ne doute pas de l’engagement démocratique sincère, bien qu’également souvent militant), il s’agit donc d’une lutte purement politique et de préservation des intérêts, et non d’une lutte pour protéger quoi que ce soit de démocratique
D’ailleurs la participation aux différentes marches de personnalités controversées devraient laisser songeur.
Pour ne citer que lui : Marek Tumanowicz, présentateur du journal télévisé officiel de la télévision d’État communiste lors des années noires de l’État de Guerre (1981-1982).Vous savez, ce tristement célèbre représentant de la propagande du général Jaruzelski qui présentait en tenue militaire chaque soir les infos à la TV, en vantant les bienfaits du Parti et qui faisait du syndicat Solidarnosc une organisation "extrémiste" . Cette même personne vient aujourd’hui parler de "lutte pour la démocratie"... en s’opposant à nombre d’anciens de Solidarnosc qui eux, ont vraiment lutté pour la démocratie dans les années 1980 et qui aujourd’hui sont au gouvernement/parlement, soutenus par le légendaire syndicat.
Citons également le principal organisateur "apolitique" des marches, Mateusz Kijowski, dans les faits un proche des dirigeants de PO/Nowoczesna qui donne l’exemple de ce que doit être un "bon citoyen" en n’ayant pas payé près de 80 000 zlotys de pensions alimentaires à son ex-femme et ses 3 enfants ces 10 dernières années Avec la bénédiction des autorités précédentes
Dernier exemple : Ryszard Petru, le leader du parti Nowoczesna que les médias libéraux et occidentaux essaient de mettre en avant depuis quelques mois en le présentant comme un "exemple d’intégrité" et "l’avenir du pays", mais dont par exemple la société "Ryszard Petru Consulting" est enregistrée au Ul. Bobrowiecka 1a à Varsovie, autrement dit : a l’adresse de l’ambassade de la "démocrate" Corée du Nord... Lorsque cela a été découvert dernièrement, il a affirmé qu’il ne savait pas chez qui il louait le local de sa société..
3) Ces journalistes devraient aussi préciser qu’en-dehors des partis qui ont quitté le pouvoir récemment, la quasi-totalité des partis d’opposition (Kukiz’15, KORWiN, Ruch Narodowy, Prawica Rzeczypospolitej, Unia Polityki Realnej,) ne participent à ces marches, qu’ils considèrent comme une imposture des politiques et milieux d’affaires qui avaient réussi à faire fructifier leurs patrimoines tout en muselant progressivement l’accès à l’information dans les médias mainstream pendant les 8 dernières années .
Ces partis d’opposition comme Kukiz’15 ou KORWiN rappellent que les marches qu’eux-mêmes organisaient sous le gouvernement précédent, n’étaient quasiment jamais relayées dans la presse nationale et étrangère.
Et pour cause ! La majorité précédente avait, je le rappelle, sous la direction de l’actuel président du Conseil européen Donald Tusk (qui était premier ministre de la Pologne de 2007 à 2014 et chef du parti libéral PO) procède à une véritable épuration politique dans les médias publics de tous les journalistes qui n’étaient pas suffisamment critiques vis-à-vis des partis d’opposition constituant un réel danger pour le pouvoir ou qui étaient trop critiques vis-à-vis du gouvernement (pour ne citer qu’eux : Bronisław Wildstein, Rafał Ziemkiewicz, Krzysztof Skowroński, Marek Pyza, Anita Gargas, Katarzyna Hejke, Tomasz Sakiewicz, Jacek Sobala, Michał Karnowski, Anna Sarzyńska, Wilotd Gadowski, Mariusz Pilis, Agata Ławniczak, Jolanta Hajdasz, Wanda Zwinogrodzka, Artur Dmochowski, Piotr Skwieciński, Maciej Świrski, Krzysztof Karwowski, Marcin Wikło, Bartłomiej Wróblewski...).
Force est d’avouer que cela en fait pas mal, et ceci n’avait pas ému le moins du monde ni la Commission Européenne ni... le journal « Le Monde ». Donc que ces mêmes personnes se disent aujourd’hui protecteurs de la "démocratie" en Pologne, pour quiconque connaît vraiment la politique polonaise, c’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Et c’est ce qui scandalise en ce moment la majorité des Polonais, dont une part non-négligeable de citoyens qui n’ont pas voté PiS aux dernières élections mais qui considèrent, que si aujourd’hui on peut avoir un débat public dans les médias autour de ces marches, c’est justement parce que la démocratie polonaise se porte mieux, de tels débats n’ayant pas pu avoir lieu durant les 8 dernières années malgré les manifestations quasi-hebdomadaires en face du palais présidentiel et du Parlement.
On peut ne pas être d’accord sur les réformes, pour ma part j’en soutiens certaines, j’en critique vivement d’autres, c’est les règles du jeu de la politique, mais il est malhonnête de parler de "danger pour la démocratie". (cf : [
niezalezna.pl]!)
Le jour où la Pologne sera réellement en danger, aucune sympathie partisane ne primera dans le débat, il y aura réellement une union sacrée pour le bien de la Nation. De même qu’il y a eu un fort engagement citoyen durant les dernières élections pour en finir avec certaines personnes, certaines politiques et certaines pratiques... Pour l’heure, la majorité des Polonais veulent donner une chance au changement, qu’ils ont choisi démocratiquement . En espérant que PiS respectera honnêtement ses engagements et ne tombera pas dans certaines dérives qui existaient sous le gouvernement précédent PO, parti que la presse occidentale persiste à présenter comme un parti qui fut exemplaire, libre de tout cote obscur... Si cela avait été le cas, 50% de l’électorat de PO de 2011 n’aurait pas décidé de ne plus lui renouveler sa confiance en 2015...