eric_visentin Ecrivait:
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> Et puis les divorces à l'amiables sont tout à fait
> possible, la Tchécoslovaquie en a montré
> l'exemple. Alors pourquoi pas pour l'Ukraine ? Ca
> crèverait un abcès.
Vous y allez fort pour décider du sort des autres pays !!!
Il faut tout d’abord savoir que l’Ukraine n’est pas coupé en deux « régions » égales (Ukraine de la rive gauche (du Dniepr) russophone ou russe et Ukraine de la rive droite, ukrainophone). Ca, c’est une vision occidentale simplificatrice. Au lieu de cela, on peut distinguer (au moins) quatre régions : l’occidentale, la centrale, l’orientale, la Crimée … et pourquoi pas une du nord ; ayant toutes des spécificités propre. On parle aussi de l’opposition des pro-russes et des ukrainiens « de souche ». Il faut savoir que le Parti des Régions du Premier ministre actuel a recueilli que 32% de voix (un tiers et non la moitié !) alors que ceux qui se réclament de nationalité russe ne sont « que » 17% (ceux qui se disent de nationalité ukrainienne sont 78%). [
www.tlfq.ulaval.ca]
La séparation entre une Ukraine russophone et/ou russophile et une Ukraine « ukrainienne » est du domaine de la culture plus que de la politique.
La langue et la culture ukrainienne ont été purement et simplement interdites depuis le 19e siècle sous les Tsars et les Soviets n’ont fait que poursuivre cette politique qui leur convenait parfaitement. Elle avait pour but premier d’écraser les velléités nationalistes qui se sont manifestées déjà sous l’Empire puis dès la mise en place de l’URSS jusqu’à l’écroulement de celle-ci.
Et ces dissidences, mesurées par le nombre de réfractaires envoyés au Gulag, ont eu lieu aussi bien à l’ouest qu’à l’est. N’en déplaise aux clichés !
D’autre part, la politique qui consistait à assimiler l’ukrainien à la langue des paysans incultes, voire à un patois dérivé du russe, et le russe à l’élite intellectuelle, outre son usage obligatoire dans l’enseignement et l’administration, a transformé nombre d’Ukrainiens « de souche » en russophones, mais pas en Russes pour autant !
La séparation de l’Ukraine en deux régions aurait pour conséquence, pour chacune d’elles d’abriter, à nouveau des minorités importantes. Ce qui ne résoudrait rien !
Faut-il ajouter un nombre important de citoyens russes ou russophones « importés » pour combler les vides, qui se chiffraient en millions, après les déportations et famines dont l’Ukraine fut accablées. Et ne pas négliger aussi la partie industrialisée de l’Ukraine orientale dont les ouvriers furent les chouchous du régime passé … ce dont ils gardent une certaine nostalgie.
Il ne faudrait pas non plus oublier que depuis l’indépendance de l’Ukraine les crises politiques n’ont entraîné aucune violence dans la rue malgré les manifestations, aucun putch, mais des affrontement politiques et même aujourd’hui, malgré des positions tranchées du Président et de son Premier Ministre, le dialogue n’a pas été rompu. La décision a été remise entre les mains de la Cour Constitutionnelle, organisme démocratique, et non entre les mains d’hypothétiques chefs de factions.
L’une des failles de la constitution actuelle consiste à permettre aux partis qui ont rassemblé 3% de voix d’avoir une représentation au Parlement. Ainsi des groupes, en principe peu représentatifs jouent des rôles d’arbitre disproportionnés compte tenu de leur importance. Relever ce quorum à 5%, ou mieux à 7% ou 8% permettrait d’éviter une certain nombre de blocages.
Quant à la Tchécoslovaquie …
La séparation "de velour" de la Tchécoslovaquie n’a pas résolu grand-chose pour ces deux pays. En fait les causes sont exactement inverses de celles présentée en Ukraine. L’association d’un courant nationaliste « pauvre », radical et utopique (= Slovaquie et par analogie (?), l’Ukraine occidentale ???) à un courant nationaliste pragmatique, voire égoïste (= République tchèque qui serait semblable pour certains à l’Ukraine orientale ???), a transformé la Tchécoslovaquie entre 1989 et 1992.
Toutefois, beaucoup affirment que la « division n’était pas nécessaire », même s’il faut admettre que les politique slovaques (= les « pauvres », rôle qui serait tenu, cette fois et à l’opposé, par les « riches » Ukrainiens orientaux) réclamaient cette modification constitutionnelle depuis la chute du communisme.
La création de deux Républiques à partir de la Tchécoslovaquie a-t-elle été aussi bénéfique que le laissaient entendre les hommes politiques tchèques et slovaques ?
Aucune analyse de l’évolution des deux pays depuis la séparation n’apporte de réponse claire à cette question. Le résultat de cette division reste pour la plupart mitigé. Par exemple, le fossé économique qui existait entre la partie tchèque et la partie slovaque n’a pas disparu.
Cependant ces deux pays ont la chance d’être à nouveau réunis au sein de l’Union européenne … et ça change suffisamment de choses pour empêcher de faire une quelconque comparaison avec une situation équivalente ( ???) en l’Ukraine.
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