Re: Dérive communiste pour l'Année de la Pologne en Pas de Calais
Posté par:
Lucasezita (IP Loggée)
Date: 04 octobre, 2007 20:10
Vos propos piquent ma curiosité. J'ai trouvé ce jour cet article dans l'Avenir de l'Artois, un hebdomadaire qu'on ne peut pas soupconner d'être communisant.
Le journaliste fait état d'une soixantaine de personnes et ne parle pas de "propagande" qui sauterait aux yeux.
"Maison syndicale
L'apport des mineurs polonais de la région à la reconstruction de leur pays en 1945
Mercredi 26 septembre de 18h 30 à 20h, une soixantaine d'auditeurs sont venus à la Maison syndicale suivre les conférences d'André Demarez et Jacques Kmieciak sur le rôle qu'ont joué les mineurs polonais repartis volontairement en Pologne après la Seconde Guerre mondiale pour participer à la reconstruction de leur pays.
Une petite Pologne
André Demarez a ouvert la soirée en s'interrogeant sur l'accueil que reçurent les Polonais lorsqu'ils s'installèrent dans les années 1920 - 1930 dans le Nord-Pas-de-Calais. Ses recherches montrent que leur arrivée suscita des réactions vives dans la population locale. La preuve, une enquête de janvier 1911, conservée aux archives départementales, montre qu'avant la Grande Guerre, de nombreux habitants voyaient d'un bon oeil le départ du bassin minier des familles polonaises venues s'installer au début du XXe siècle. Ils ne furent pas les seuls à souffrir de cet état. Les Belges employés aux houillères, bien que portant des noms à consonance française et parlant le français, souffrirent d'une vague de xénophobie similaire à la fin du XIXe siècle.
L'arrivée massive des Polonais se fit principalement après la signature, le 3 septembre 1919, d'une convention entre la France et la Pologne. Chaque candidat faisait l'objet d'une sévère sélection. Le comité vérifiait l'état de santé du prétendant, l'interrogeait sur ses idées politiques et syndicales et sur ses pratiques religieuses. En fait, les recruteurs cherchaient surtout des mineurs de Westphalie, réputés être des professionnels qualifiés et aptes à encadrer les autres ressortissants.
Les autorités françaises jugèrent très tôt que les Polonais devaient conserver l'armature morale à laquelle ils étaient accoutumés et pour cela, elles aidèrent le journal Narodowiec à s'installer au coeur de la Gohelle. Cette aide passa par la mobilisation de l'armée française chargée de rapatrier de Lens le matériel nécessaire à la parution du journal.
Une petite Pologne se développa, les Polonais gardèrent leurs valeurs culinaires ou vestimentaires, ce qui fit dire au préfet le 11 octobre 1919 : "Ces étrangers ne sympathisent pas avec les Français."
Les premiers accrocs datent des années 30. La crise bourgeoise de 1929 fut durement ressentie dans les mines. La baisse des salaires, les grèves partielles, le chômage, l'arrêt des embauches devenaient le quotidien des mineurs. Les premiers touchés par la crise furent les Polonais. Profitant de la loi du 10 août 1932 qui visait à protéger la main d'oeuvre nationale, les fortes têtes, ceux qui refusaient de se plier aux obligations religieuses ou les célibataires furent les premiers qui, par trains spéciaux, furent renvoyés en Pologne. DEs rumeurs des plus abominables se mirent à circuler sur le comportement des mineurs polonais indignant de fait la population. Seule, la CGT unitaire prit la défense des expulsés.
Des mots d'ordre hautement patriotiques
Dans le second exposé, Jacques Kmieciak traita du départ volontaire des Polonais vers leur pays d'origine en 1945 pour participer à sa reconstruction. Au départ, l'appel des autorités polonaises souffla un vent de panique en France car les mines voyaient s'éloigner les meilleurs éléments, à un moment où le pays en avait le plus besoin. Le conférencier a évalué qu'en 1945, 773 mineurs polonais avaient quitté le sol français. Finalement, la France accepta le principe du rapatriement et mit même à la disposition de la Pologne son matériel ferroviaire. En échange, la Pologne s'engagea à ne pas désorganiser l'effort de production français et à livrer du charbon à la France. En 1947, quelques Polonais revinrent témoigner des conditions de leur retour aux motivations principalement patriotiques. La fièvre du retour fut limitée et beaucoup se désistèrent au dernier moment.
Une histoire compliquée
A l'issue des interventions, la salle posa des questions sur le rôle des Résistants polonais, le refus de l'Etat français de donner la carte de combattant aux anciens de la 1ère Armée de Delattre de Tassigny et sur la disparition de la Gazeta Polska. Il ressort de la soirée une forte demande d'informations sur l'Histoire des communautés polonaises du bassin minier. Mais la proximité des évènements tantôt douloureux tantôt heureux, permet-elle l'écriture de cette Histoire et sa diffusion dans un climat suffisament serein. Rien n'est moins sûr."
Jérôme Janicki