Ce qui jette le trouble dans l'attitude de l'armée ukrainienne à l'Est est que
celle-ci n'a pas reçu d'ordres pour se défendre (ou ont pour consigne de laisser faire - selon l'aveu des intéressé qui se trouvent sur le terrain) contre les "entreprises" des pro-Russes (ou des Russes eux-mêmes)
Ainsi, le bâtiment de l'administration de l'oblast de Luhansk a été cédé hier aux "doryphores" (nom donné aux 'rattachistes' qui portent les couleurs du ruban de l'ordre de Saint-Georges) sans la moindre résistance de la part de la petite garnison chargée de le protéger.
Les officiers demandent sans cesse des instructions auprès de Kyiv pour savoir quelle attitude adopter : repousser les agresseurs, au besoin par la force ... ou ne pas réagir. Réponse de Kyiv : silence !
Il semble que les consignes sont de montrer (faiblement) la présence de l'armée ukrainienne mais de ne surtout pas causer de morts d'homme, prétexte qu'attend Poutine pour intervenir afin "de protéger une minorité opprimée".
Ce jeu est dangereux car les "manifestants" s'emparent de plus en plus des bâtiments administratifs dans un nombre de villes de plus en plus important sans que personne ne s'y oppose.
De l'aveu de tous, la population a peur et se terre chez elle.
D'autre part, une telle attitude n'a rien de positif pour renforcer le moral de l'armée livrée aux brimades sans avoir le droit de réagir.
La question est : qui a donné de telles consignes ?
Comme je l'écrivais plus haut, Kyiv est muet même si le site du ministère de la Défense ne cesse de proclamer l'avance de troupes (très maigres en effectifs et matériel) vers telle ou telle ville ou montre des recrues à l'entraînement avec un équipement qui semble en bon état !
Beaucoup soupçonnent le gouvernement intérimaire ukrainien d'obéir à des "conseils" venant de l'étranger destinés à ne pas envenimer la situation par une intervention armée russe dans l'Est du pays. Cette intervention russe obligerait, sans accord formel mais moralement, à prendre des sanctions beaucoup plus sévères que celle prises actuellement contre la Russie de Poutine et surtout ses proches.
Il ne faut pas non plus oublier que le temps ne joue pas pour Poutine. Les sanctions prises par l'Occident, même si elles paraissent minimes jouent leur rôle et la Russie est entrée officiellement en récession à la suite de l' "affaire ukrainienne" : les capitaux fuient par dizaines de milliards de dollars et l'activité industrielle marque le pas.
Il semblerait aussi qu'on veut faire tout ce qui est possible pour permettre que les élections présidentielles, toujours prévues pour le 25 mai prochain, se déroulent dans des conditions acceptables. Conditions impossibles à réaliser dans un climat de guerre civile ouverte ou en cas d'agression étrangère.
En cas de conflit armé intérieur, nul doute que le "puissant voisin" proclamerait l'illégitimité du scrutin et refuserait donc de reconnaître le verdict des urnes. Pour contourner l'occupation de centres administratifs clés (mais peu nombreux), un décret a été pris qui permettra aux électeurs de voter dans une ville voisine de celles qui sont "occupées".
Cet "attentisme" jette le trouble dans le pays et donne à certains l'impression d'un laisser-faire coupable, surtout qu'il existe parallèlement une frange de va-t'en-guerre, pas très nombreuse, mais active et qui dénonce cette "passivité" gouvernementale.
Le gouvernement intérimaire a-t-il raison d'agir ainsi.
Compte-t-il sur des garanties qui nous sont inconnues et dont nous ignorons la teneur ?
Ou est-il tout simplement incompétent et incapable de mesurer la gravité de la situation présente ?
Dans l'état actuel des choses, toutes les réponses à ces questions sont autorisées sans qu'il soit possible de décider laquelle serait la "bonne".
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