Re: camps de scouts polonais dans les annees 50
Posté par:
jpaul (IP Loggée)
Date: 20 septembre, 2016 23:49
Il fallait bien qu’ à notre tour, après cette nuit mémorable ou nous avions fait exprès de laisser les scoutes d’à côté, dénouer tranquillement notre drapeau et l’emmener sans que notre fine équipe s’en aperçoive, songer à essayer de sauver la mise, en allant à notre tour dérober leur emblème national . N’empêche qu’on en avait gros sur la patate, quand même. Pourtant tout le savoir-faire et le raisonnement masculin avait été mis à contribution. Le terrain d’ailleurs s’y prêtait à merveille. Plat, rectangulaire, bordée de haies, comme on l’a vu et le drapeau fixé sur le mât, en plein milieu, ce qui fait que, automatiquement les filles se trouvaient à découvert au moment de l’action, permettant un encerclement si l’alerte avait été donné, encore eut-il fallu que nos Augustes s ’en aperçoivent.
Tant mieux, dans un sens, car cela permettait de prendre notre revanche. Qui c’est les meilleurs, quand même ! Le camp des filles se trouvaient dans les dunes, plus éloigné encore de la maison « Maternelle » , dont de toute façon elles ne devaient pas dépendre étant en semi-autarcie, comme tous scouts qui se respectent.
Nous avions fait des repérages diurnes et décidé de ne pas intervenir la prochaine nuit, de façon à, pensions-nous, les laisser aux aguets, qu’elles se fatiguent et soient moins réactives, la nuit d’après. Y a pas de raison ! mais leur base était totalement différente de la nôtre, perdue dans les sables dunaires et les pins parasols. Une sorte de clairière en cuvette et le drapeau, objet de notre convoitise, en plein milieu bien attaché sur les cordes du mât servant à monter les couleurs. On aurait pu faire la comparaison historique entre Romains et Gaulois. Les armées de César occupant des camps en forme de parallélogramme tandis que les habitants de la Gaule préféraient ceux ajustés aux accidents du sol. Inutile de préciser que le rectangle, c’était nous… on a vu ce que cela a donné..
Fallait faire avec. Le plan fut le suivant : s’approcher sans bruit en pleine nuit, et avant que le soleil ne se lève, Voir si elles procéderaient comme nous, planquées aux abords et dans ce cas là, faire le plus vite possible pour détacher le drapeau, empêchant les scoutes de retourner vers le mât. Autrement, on aviserait sur place.
Donc, nous partîmes de nuit, et toute l’équipe tant qu’à faire , c’est-à-dire, entre 6 et 8 gars pleins de bonne volonté, y compris Pipo et Mario. La progression fut aisée au départ, mais beaucoup plus lente en arrivant vers la cuvette dunaire. Aucune trace de filles dans les dunes , nous continuons lentement aux aguets, jusqu’au bord de la clairière en creux et son mât central, en rampant comme on avait vu le faire dans les films. Et soudain, la « cible » nous apparait, nos yeux se sont habitués à l’obscurité, un rayon de lune éclaire l’ensemble .
Et quoi ? Toutes les filles se sont regroupées autour du mât. Certaines dorment, d’autres sont assises en tailleur et guettent le dos appuyé contre le poteau emblématique. Ah la vache ! pas prévu ça les gars. On se fait des signes, on croit comprendre ce qu’il faut faire et dont on avait vaguement parlé dans l’après-midi. C’est-à-dire faire du bruit ( craquements, chuchotements…) de façon à ce que les filles aillent vérifier ce qui se passe en haut de la dune, pendant que les plus habiles détacheront l’oriflamme, en douceur.
Là , je n’ai pas trop compris : un nerveux cria à l’assaut, les plus hardis le suivirent, moi m’occupant du service de presse, je faisais mon compte-rendu pour la date du 20 Septembre 2016, je ne participais pas à ce braquage. Il semblerait que Zoska y participa et aurait reçu un coup derrière les étiquettes avec un objet contendant, à moins que cela fusse une autre fois ( coutumier , sans doute) . Bref, l’empoignade fut rapide, toutes les filles défendant leur drapeau. Mais, l’ordre de replis arriva, au cri de : « on l’a, on l’a ! » Et nous de courir, laissant les scoutes se remettant de la surprise.
On couru jusqu’à notre camp, des fois qu’elles nous poursuivent, mais non, le drapeau était en notre possession. C’était le principal et surtout dire j’y étais ! En fait, je ne sais pas qui pris l’étendard, mais malgré le fait que nous l’ayons, je trouvais un peu cavalier le fait que celui qui a fait cela, a coupé toutes les lanières à la hussarde, avec son Opinel ou autre canif prémédité.
L’honneur était sauf.
C’est en grande pompe, pour nos mémoires d’enfants, que l’échange et la remise en mains propres aux responsables, eurent lieu, le lendemain. On allait pas rester plus longtemps sans emblème.
C’est dans la cour d’honneur ( appelons-là ainsi) de la maison « Maternelle » que la « cérémonie » eut lieu. Au pied cette fois-ci du mât principal, et du blason au sol représentant cet Aigle Blanc couronné, symbole authentique de la Pologne, et Stella-Plage oblige, orné de coquillages incrustés dans le ciment. Evidemment un petit discours de la Directrice, que je ne compris pas, ensuite l’hymne Polonais sous les yeux des colons et des adultes se trouvant là ainsi que bien sûr toutes les scoutes. Tout le monde se congratula. La vie de vacances pouvait reprendre son cours.